Simon Allonneau & Laura Vazquez, Les fils

Bêta non bloquant

Lorsque le feu a com­mencé, Laura Vaz­quez a envoyé un sms aux pom­piers. Il y avait sans doute mieux à faire. Mais on ne se refait pas. Même en santé. Tou­te­fois et nez en moins (c’est le risque), un dia­logue à bâtons rom­pus et incan­des­cents débute, la vie comme le feu suit son cours. Si bien que Laura se « coiffe avec une flamme, s’endort avec ses débris » tan­dis que Simon avant d’aller se cou­cher pose « sa tête dans sa bai­gnoire » et son immense oreille.
Voilà diront cer­tains des gens bien légers. Mais il faut de tout pour faire un monde et mettre le feu aux poutres de la poé­sie. Oubliant tout de la vie ordon­nan­cée, les dia­lo­gueurs soli­loquent, leurs sou­ve­nirs « dans les dents » pour ne pas mordre la pous­sière. Et qu’importe si leurs genoux peuvent « explo­ser à l’importe quel moment ». A l’impossible nul n’est tenu. Sur­tout d’entre les murs où s’emmagasinent la cha­leur ou dans le cer­cueil où, pour la pré­ser­ver, il est recom­mandé selon un des purs scrip­teurs d’être ense­veli avec un blou­son (noir de préférence).

Un tel texte à quatre mains, à deux cer­veau et des fils qui traînent, illustre par­fai­te­ment la voca­tion de Bêta. Le col­lec­tif pour­suit son par­cours dans l’expérimentation poé­tique faite de presque rien et d’absurde. Il s’agit néan­moins de vaincre la lai­deur et les conven­tions afin de par­ler autre­ment l’existence entre spasmes, paro­dies et drô­le­ries et en étranges lignes de fuite. Preuve que Bêta n’est pas bloquant.

jean-paul gavard-perret

Simon Allon­neau & Laura Vaz­quez,  Les fils, Col­lec­tif Bêta, Bègles, 2016, 8 p. — 2,50 €.

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