La chronologie événementielle ayant disparu des programmes scolaires au profit de la vie quotidienne des inconnus, les jeunes Français ne savent plus que certaines années ont fait basculer l’histoire. C’est le cas de 1917 qui accoucha du XXe siècle. Une telle rupture méritait bien un ouvrage à lui tout seul. Jean-Christophe Buisson s’y est attelé et le résultat mérite d’être mis en valeur.
Sous forme d’un calendrier, l’auteur présente, jour après jour, le déroulement des événements. Aucun domaine, de l’art à la politique, de la guerre à la culture, n’est mis de côté. Aucune zone géographie n’est oubliée. L’iconographie est, notons-le, particulièrement soignée et présente de nombreuses photographies peu connues et très éclairantes.
En parcourant ces très belles pages, le lecteur sera bien sûr saisi par l’intensité des événements mais aussi par la conscience que nombre de contemporains ont eu des ruptures à l’œuvre. Car les hommes, ne l’oublions pas, ont conscience de l’histoire qu’ils font. C’est très net dans le domaine artistique et de la pensée, miroirs implacables des temps.
1917 porte à l’incandescence les grands conflits ouverts par les Lumières et la Révolution française, ouvre les portes d’une époque cataclysmique qui ne clôturera qu’entre 1989–1991. Loin de se limiter à la politique, cette année apparaît comme « totale », dans le sens où rien ne semble échapper à cette passion de la déconstruction et de la destruction qui l’imprègne. Comme si des forces inouïes surgissaient des tréfonds de l’histoire et de l’esprit humain pour accomplir leur sinistre besogne.
Instrument de travail des plus utiles, ce livre rappelle surtout que l’histoire est faite de ruptures, de basculements qui, sans remettre en cause le temps long et les causes profondes, poussent les hommes sur des chemins qu’ils n’imaginaient jamais prendre. Souvenons-nous-en.
frederic le moal
Jean-Christophe Buisson, 1917. L’année qui a changé le monde, Perrin, novembre 2016, 319 p. — 24, 90 €.