Fabien Vehlmann & Chloé Cruchaudet, L’herbier sauvage

Poético-socio-érotique !

Des dames, des mes­sieurs dévoilent leur sexua­lité en toute liberté, quelle qu’elle soit, sans contrainte. Fabien Vehl­mann ne porte aucun juge­ment, ni moral, ni phy­sique, sur le contenu de ces confi­dences, recher­chant la sin­cé­rité et non le spec­ta­cu­laire. À tra­vers ces entre­tiens, il veut débus­quer : “…au milieu du foi­son­ne­ment des sou­ve­nirs évo­qués, le détail intri­gant, la for­mu­la­tion juste, le mot frap­pant, la pen­sée ori­gi­nale, l’expérience édifiante.”

Une dame donne sa façon de repé­rer l’homme qui sera un bon amant. Un homme raconte sa manière d’appréhender l’orgasme. Une femme dévoile que c’est en lui mor­dant la nuque qu’elle arrive à l’orgasme. Une autre relate ce qu’elle consi­dère comme une véri­table obs­cé­nité…
En quelque soixante-dix textes, Fabien Vehl­mann aborde d’une nou­velle façon, explore, un ter­ri­toire inédit, bien que la sexua­lité reste la pré­oc­cu­pa­tion majeure de l’humain depuis qu’il a su se repro­duire. On peut pen­ser, que Cro-Magnon, bien que ne pas­sant pas des heures à s’interroger, ni à dis­cu­ter du sujet, pou­vait déjà avoir des pro­blèmes de pra­tique, de jouissance !

Fabien Vehl­mann, scé­na­riste de bandes des­si­nées, à la biblio­gra­phie consé­quente et de haut niveau, met en scène, dans ses récits, plus de thèmes rela­tifs à la mort, aux rela­tions humaines, qu’au sexe en lui-même. Il répugne à inté­grer de telles séquences sans que celles-ci se jus­ti­fient plei­ne­ment dans l’histoire.
Depuis cinq ans, il sus­cite des ren­contres, des dis­cus­sions spon­ta­nées, ou orga­ni­sées, pour recueillir les sen­ti­ments, les émo­tions, les témoi­gnages d’individus des deux sexes et de tous âges. Il prend des notes et retient ce qui lui paraît impor­tant, pri­mor­dial, essen­tiel dans ce qui est dit, en assu­rant son inter­lo­cu­teur de l’anonymat le plus total.

Si la sexua­lité est omni­pré­sente, elle se pare de poé­sie sous le regard du scé­na­riste qui donne entière liberté à ses inter­lo­cu­teurs. Pour débu­ter l’entretien, il a conçu un jeu de cartes qui per­met, par des ques­tions franches et directes, d’entrer dans le vif du sujet. Mais celui-ci peut dévier et deve­nir tout autre. Une anec­dote tri­viale se trans­forme en sou­ve­nir de la pre­mière fois, cette fois unique sujet de nos­tal­gie, voire de regrets selon les condi­tions de sa réa­li­sa­tion.
Le titre du pré­sent volume s’inspire de la démarche de l’auteur qui le défi­nit dans sa pré­face : “…tous les che­mins buis­son­niers de la pen­sée me per­mettent in fine de repé­rer les herbes folles que j’affectionne, ces plantes rares et sau­vages qui vien­dront enri­chir la col­lec­tion de mon herbier.”

L’illus­tra­tion est réa­li­sée par Chloé Cru­chau­det qui, pro­pose, pour l’occasion, une tren­taine de magni­fiques aqua­relles. Celles-ci ne sont pas obli­ga­toi­re­ment ins­pi­rées des textes, mais évoquent l’ambiance des pro­pos, don­nant une dimen­sion plus éro­tique, mais éga­le­ment plus poé­tique au recueil.

serge per­raud

Fabien Vehl­mann (textes) & Chloé Cru­chau­det (aqua­relles), L’herbier sau­vage, Soleil, coll. Noc­tam­bule, mai 2016, 166 p. –17,95 €.

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