Gérard Pétrus Fieret est un photographe et poète hollandais. Elève à l’Académie Royale des arts de La Haye, il y devient professeur. Dès les années 60, il se fait connaître comme photographe. Il se met soudain à oblitérer des tampons et signer ses images, pris par un besoin paranoïaque d’authentifier ses œuvres. Puis, dans les années 90, il se passionne pour les pigeons et mène une existence de clochard. Il habitera enfin une maison où il cohabitera avec les volatiles jusqu’à sa mort en 2009.
Fieret a réalisé des milliers de clichés en restant dans sa ville natale. Il photographie en noir et blanc les gens qui passent chez lui, des scènes de rue, des quais de gare, des magasins, des enfants et des femmes. Des femmes surtout : amies et/ou prostituées. Il réalise aussi beaucoup d’autoportraits déguisés un peu à la Molinier mais selon une perspective moins « politique ».
Se voulant avant tout voyeur, il aime saisir l’intimité des femmes qui se dénudent devant son objectif en prenant des poses suggestives. Les décors pour réaliser ses prises sont des plus ordinaires, la mise en scène des lieux ne l’intéresse pas et son atelier ressemble à un capharnaüm : seul le corps et l’âme sont mis à nus. En ce sens, son univers reste inclassable. La photographie lui permit sans doute de vivre par procuration ce que sa fragilité psychique empêcha de réaliser. Mais, caché derrière son objectif, il a saisi l’important : la banalité. A travers ses prises réalistes, elle prend valeur de poésie du tourment.
jean-paul gavard-perret
Gérard Pétrus Fieret, Le Bal, 6 impasse de la Défense, Paris 18ème, du 26 mai 2016 au 28 août 2016.