Il est des livres sur lesquels l’avis critique ne compte pas puisqu’il y a peu à en dire sinon le bien-fondé de leur existence. Ce que l’on appela contre-culture ou culture plus ou moins underground est devenu « main stream ». François Thomazeau a soin de désenclaver le terme « pop », de l’offrir sous ses diverses déclinaisons. Cet univers est né pour le plus grand nombre dans la musique, pour d’autres dans la peinture. Et même si le terme de « pop », dans les deux cas, ne couvrait pas le même sens, l’univers pop est passé du jetable à l’iconique.
L’auteur propose un habile tour de la question en moins de deux cents pages aussi rapides que claires. Il rappelle que l’art pop est « par définition un anti-humanisme. Son sujet n’est pas l’homme mais l’objet ». C’est un peu rapide mais pas dénué de pertinence. Thomazeau montre que « la matière pop » est en quelque sorte phénoménologique, ce qui ne lui a pas empêché certaines errances et limites. Entre autres au cinéma où pourtant, avec Blow-up (plus qu’avec Zabriskie Point a priori plus “pop”), Antonioni a donné bien plus qu’une simple image.
La “Pop” a créé une dynamique esthétique face à un chaos d’ennuis et de conditionnements. Avec le temps, elle les a forcément remplacés par d’autres. Mais l’auteur prouve qu’aux USA et au Royaume-Uni principalement se sont créés des agglutinements intempestifs, des texture et des sarabandes capables de réinterpréter le monde.
La “Pop” est donc bien plus qu’une mode : elle fut (et reste encore parfois) une suite de discontinuités, d’éboulis, d’interférences bref des corpus à écouter, voir, lire autrement qu’à l’état de simples reliques. Le critique en reprécise les codes et en monte les codex.
jean-paul gavard-perret
François Thomazeau, Univers Pop – Petite histoire de le culture jetable, Castor Astral, 2016, 192 p. — 12,00 €.