Paul Badin, Loire sauvage

Un monde emboîté dans un autre

Refu­sant de « n’écrire que sur le pire et déser­ter le meilleur », Paul Badin revient à « sa » Loire et ter­mine sa tri­lo­gie enta­mée avec Loire (Tara­buste, 2005) et Loire Lumière ( Ed. de l’Atlantique, 2011). Ce denier pan se fait solaire. L’auteur donne l’équivalent de ce que Camus avait réa­lisé avec Noces. Les poèmes, au cours d’une lente des­cente du fleuve, ras­semblent les pay­sages et les hommes qui les ont construits.
Sur­gissent divers hymens et alliances qui — autour du fleuve — créent le « Jar­din de France / Pour Pan­ta­gruel affamé / Maïs, millet / citrouilles, melons / choix bleu vert » et bien d’autres légu­mi­neuses « sous pluie de coque­li­cots / chère à Renoir ». Et il n’y a peut-être pas d’autre urgence pour nos temps de crises qu’une telle évo­ca­tion jusqu’au moment de la dis­so­lu­tion finale, làoù le fleuve meurt dans l’océan.

Surgit dans le règne des mots nour­ris de sève une exis­tence phy­sique, une concré­tude, une “acti­vité pra­tique” qui arrache la poé­sie à ce qui la pétri­fie dans bar­ba­rie du désordre. Tout est ici, sinon calme et volupté, du moins proche de la paix et de la séré­nité. Le monde res­pire à sa guise en de tels lieux de méandres et vaux si fiers de leur beauté évo­quée par des élé­ments natu­rels qui par­fois n’échappent pas à une « sau­vage royauté » où se suc­cèdent sur­sauts, rechutes et gar­gouillis.
De cette région le lec­teur revient agrandi au sein d’harmonies sourdes et feu­trées tirées jusque des souches enra­ci­nées dans la vase de quelques eaux troubles. « Des fonds bap­tis­maux du cré­pus­cule / aux four­naises du cré­pus­cule », le temps suit son cours. En émergent des silences gla­nés pour don­ner un répit à l’hystérie du monde.
Le pay­sage trouve des visages, des humeurs, des lan­gueurs conti­nen­tales ou océanes. Il passe à tra­vers tout. Il tra­verse les murs du décor déri­soire. La lumière l’agite comme le secouent la pul­sa­tion du vent et sur­tout le souffle du poète. Celui-ci crée son point de vue dans les points de vue. Un monde s’installe dans un autre.

jean-paul gavard-perret

Paul Badin, Loire sau­vage, Edi­tions Poiê­tês, 2016, 96 p.

2 Comments

Filed under Poésie

2 Responses to Paul Badin, Loire sauvage

  1. Mme Jill Kremer

    Bon­jour,

    nous sommes inté­res­sés à com­man­der l’article sui­vant:
    ISBN 9782919942476, titre “Loire sau­vage” de Paul Badin

    Pour cela, nous vous deman­dons de nous ren­sei­gner sur:
    – le dis­tri­bu­teur pour le Luxem­bourg,
    – le prix de vente du livre,
    – les coûts de livrai­son (frais de port),
    – la durée de livrai­son
    – la remise pour libraires ainsi que
    – le droit de retour

    Merci d’avance,

    Cor­dia­le­ment,

    Jill Kre­mer

    • admin

      bon­jour,
      désolé mais nous ne sommes ni libraires ni édi­teurs, se rap­pro­cher de ces der­niers pour l’achat et l’envoi du titre
      salu­ta­tions
      la redaction

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