Tacito, Little Alice in Wonderland — t. 3 : “Living Dead Night Fever”

Quand le pays des rêves est menacé

Wonder­land, le pays des rêves d’Alice, menace de dis­pa­raître. La Reine de Cœur a cap­turé la jeune fille et s’est empa­rée du pou­voir. Elle veut trans­for­mer ce pays en parc d’attractions pour atti­rer les tou­ristes du monde réel. Le Lapin, pour libé­rer Alice pri­son­nière der­rière un miroir, doit réunir cinq per­son­nages issus d’univers tota­le­ment dif­fé­rents. Dans les épi­sodes pré­cé­dents, il réunit Miss Tikky, un ava­tar d’Alice, une blonde plus que pul­peuse et le nain Becyl. Dans le cime­tière de Cree­py­town, les trois héros sont en grand dan­ger. Ils sont sau­vés par Car­mina Red, une chas­seuse de créa­tures démo­niaques, l’héroïne des romans de “Bit-lit” écrits par Char­laine J. Hamil­ton.
Pour la retrou­ver, ils débarquent dans la vie bien ran­gée de la roman­cière. Celle-ci, devant cette inva­sion intem­pes­tive, appelle à l’aide Lau­reen, sa direc­trice lit­té­raire et sa meilleure amie.
Lapi­nou lui révèle que celle-ci n’est autre que la reine de coeur, celle qui veut dévoyer le monde du rêve. Sur­gissent alors, de l’étage fra­cassé par leur arri­vée catas­tro­phique en avion, le Cha­pe­lier et Tweedledee-Dum, les sbires de la reine. Les voilà lan­cés, avec la roman­cière, dans une nou­velle série d’aventures toutes plus oni­riques, plus toniques les unes que les autres. Mais l’affaire se corse lorsque la reine de cœur voit arri­ver dans son uni­vers, sa sœur, la reine de pique.

Résu­mer en quelques phrases une telle his­toire relève d’une gageure car  la mul­ti­pli­ca­tion effré­née d’actions se déroule ici dans plu­sieurs uni­vers à divers niveaux. Tacito mobi­lise tout le ban et l’arrière-ban des per­son­nages de fic­tion, de la science comme de l’aventure et intro­duit des élé­ments de la réa­lité comme un pas­tiche de La nou­velle Star, le jeu du Mil­lion­naire. Citer tous les per­son­nages qui tra­versent l’univers du scé­na­riste revient à faire une longue liste. Il « ratisse » large, fai­sant jouer, outre les per­son­nages de Lewis Caroll, des héros aussi divers que Starky et Hutch, Fran­ken­stein, Super­Du­pond, Fu Man­chu, le Cthulhu, etc.

Les planches four­millent de détails tous plus attrac­tifs les uns que les autres. Tacito offre des trou­vailles gra­phiques, des vues pano­ra­miques impro­bables, des pers­pec­tives auda­cieuses, mul­ti­pliant plon­gées et contre-plongées… Si les dames qui par­ti­cipent à l’action ont toutes des poi­trines de Bimbo, des jambes inter­mi­nables, les scènes de nu res­tent inter­dites. Le scé­na­riste truffe par ailleurs ses dia­logues de remarques dro­la­tiques, de réflexions cocasses mais pleines de bon sens, d’insultes réjouis­santes. Cepen­dant, sous l’apparent débraillé du récit, l’histoire est solide et la cohé­rence reste de mise dans le cadre de cet uni­vers oni­rique.
Une his­toire pas­sion­nante, un album à dégus­ter tant il y a de choses à voir, à tra­quer les détails, les réfé­rences et les bons mots. Alice a certes fait l’objet de nom­breuses adap­ta­tions dans toutes les formes d’expressions. Mais Tacito apporte une pierre bien spé­ciale à l’édifice, une des meilleures, dans l’esprit donné par Lewis Caroll à son récit.

serge per­raud

Tacito (scé­na­rio et des­sin) & Antoine Lecoq (cou­leurs), Lit­tle Alice in Won­der­land, t. 3 : “Living Dead Night Fever”, Glé­nat, coll. “Gra­fica”, août 2015, 72 p. – 15,50 €.

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