Wilfrid Lupano & Roberto Ali, Sept nains

Avec Blanche…  sans neige !

Avec Sept nains, Wil­frid Lupano reprend, bien sûr, les élé­ments du célèbre conte et les traite d’une façon bien par­ti­cu­lière. En effet, s’il met en scène une jeune fille pré­nom­mée Blanche, une reine aca­riâtre pré­oc­cu­pée par sa beauté, des nains, un chas­seur, un pré­ten­dant, ceux-ci ne jouent pas la par­ti­tion ini­tiale. Avec beau­coup d’humour, avec un sens du déca­lage, du dépha­sage, du second degré, il concocte une his­toire construite avec une grande rigueur. Il se per­met d’apporter des expli­ca­tions ration­nelles à des situa­tions magiques du conte et des pro­lon­ge­ments res­tés igno­rés.
Les nains ne sont nom­més à aucun moment, mais leurs atti­tudes, leurs défauts les iden­ti­fient faci­le­ment. Il fait de la jeune prin­cesse un per­son­nage bien dif­fé­rent de celui de Charles Per­rault et offre une chute déli­cieuse, même si elle semble immo­rale au regard des concepts du conte.

C’est l’anniversaire de Blanche, la fille du roi, fille illé­gi­time selon la reine. Les sept bouf­fons, bien qu’ils n’aiment pas cette peste de douze ans, assurent la fête. Mais un bon mot vexe la reine qui exige leurs têtes. Le roi tem­po­rise et les condamne au ban­nis­se­ment. Alors qu’ils sont jetés dehors, un ser­vi­teur vient dis­crè­te­ment, de la part du roi, leur fixer un rendez-vous avec lui le soir même. Mais, les nains se trompent d’auberge.
Six ans plus tard, ils sont décou­ra­gés, la mine qu’ils exploitent ne rap­porte rien. Ils res­sassent leur mal­heur. Le roi a dis­paru le soir du drame. L’évocation de la reine déclenche la colère d’un des nains qui frappe vio­lem­ment la paroi et ouvre une brèche sur un sou­ter­rain qui conduit au cœur du châ­teau. Ils ont accès, dans ce dédale oublié de tous, à l’ensemble du domaine. Ils pensent alors à la salle du tré­sor. Riches, ils pour­raient mener une autre vie. Mais, la richesse se gagne difficilement…

C’est Jérôme Lere­cu­ley qui a réa­lisé le sto­ry­board du scé­na­rio, confiant la mise en œuvre du des­sin à Roberto Ali. Une mise en page dyna­mique, des per­son­nages semi-réalistes, des décors réus­sis donnent au gra­phisme une qua­lité de pre­mier ordre, rehaus­sée par la mise en cou­leurs de Lou. Sept nains ouvre la troi­sième sai­son de cette série concept. Il sera suivi, selon le plan de tra­vail, dès 2016 par Sept frères, Sept mages, Sept héros, Sept can­ni­bales, Sept ath­lètes, et Sept mac­cha­bées.
Cette sai­son annonce de bien bons moments en pers­pec­tive s’ils sont du même niveau que le pré­sent album.

Lire un extrait

serge per­raud

Wil­frid Lupano (scé­na­rio), Jérôme Lere­cu­ley (sto­ry­board) & Roberto Ali (des­sin) Lou (cou­leur), Sept nains, Del­court, coll. “Conquis­ta­dor”, sep­tembre 2015, 64 p. – 15,50 €.

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