Tali Amitai-Tabib, Trudl , exposition

Nouvelle expo­si­tion de Tali Amitai-Tabib en France

Tali Amitai-Tabib, née à Kvut­zat Kin­ne­ret, vit et tra­vaille à Tel Aviv. Elle s’impose peu à peu comme une figure mar­quante de la pho­to­gra­phie mon­diale depuis son expo­si­tion per­son­nelle au Musée des Arts de Tel-Aviv, et la publi­ca­tion d’un livre de l’éditeur Am-Oved. Existe dans son approche tout ce que les mots ou les autres arts ne pour­raient pas offrir : un « juste » retour des êtres et des choses par le choix d’indices qui font de chaque cli­ché un étrange espace cho­réique en noir et blanc. Entre stoï­cisme et épi­cu­risme, loin de tout concep­tua­lisme, en affron­tant le chaos de l’espace et du temps l’artiste pro­jette l’être au centre de ses prises. Avec Trudl, Tali Amitai-Tabib revi­site non seule­ment sa propre his­toire, sa vie fami­liale : elle inter­roge et appro­fon­dit la jonc­tion com­plexe entre mémoire et fic­tion.
Trudl était une cou­sine de l’artiste. Elle ne l’a jamais connue. Sa famille dut quit­ter l’Allemagne au début de la seconde guerre mon­diale. Elle trouva refuge en Angle­terre, où elle rêva de deve­nir pho­to­graphe. Intri­guée par le des­tin si par­ti­cu­lier de cette cou­sine et aidée d’une de ses des­cen­dantes demeu­rée au Royaume-Uni, Tali Amitai-Tabib se ren­dit sur les lieux où Trudl avait vécu, tra­vaillé et élevé sa famille. Cette série pho­to­gra­phique retrace la vie de cette femme qui n’a jamais pu accom­plir son rêve. De ce fait, les pho­to­gra­phies de sa « des­cen­dante » deviennent une fic­tion ou se mêlent fan­tasme, ima­gi­naire, recom­po­si­tion d’une réa­lité poten­tielle dans laquelle ses pho­tos pour­raient re-présenter celles que Trudl auraient pu réaliser.

D’où le jeu per­ma­nent d’une telle série : la pho­to­gra­phie recouvre pour dévoi­ler, dévoile pour recou­vrir (par sen­ti­ment de pudeur). Au spec­ta­teur alors de prendre à son tour un risque et d’oser affron­ter le per­pé­tuel mou­ve­ment de péné­tra­tion et de rebon­dis­se­ment entre les œuvres (réelles pour l’une, vir­tuelles pour l’autre) des deux cou­sines pour savoir ainsi ce qui se passe et qui ne s’est pas passé. Se crée l’épreuve d’une soli­tude au nom de l’amour que la femme porte à sa cou­sine mais qui dépasse lar­ge­ment le cadre de cette intimité.

jean-paul gavard-perret

Tali Amitai-Tabib,  Trudl , Expo­si­tion du 9 avril au 10 mai 2015, Gale­rie Olvier Walt­man, Paris

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