Résurrection des vies minuscules
Simona Fedele provoque l’insurrection de silhouettes : le banal de l’apparence est transformé selon la belle hypothèse d’un art de veille construit pour introduire de la magie dans une société d’hier ou d’aujourd’hui qui en manque. Sans se vouloir engagés ou politiques, dessins et peintures jouent de l’effacement afin de faire renaître l’image de ses manques premiers. Partant du “pré-texte” d’un document iconographique, l’artiste le ranime en de nouvelles marges.
Les “normes” esthétiques de Simona Fedele se dégagent de celles de l’histoire. L’icône de base se voit “pressée”, triturée par les effacements et les redressements de l’artiste. Le réel est remis au défi de l’impossible, de l’impensable. Entre attachement et détachement, filiation mais coupure, chaque œuvre instruit la critique — de manière stylistique — du commun d’une réalité. Elle est dégagée de ses assignations au profit d’une liberté reconquise.
Effacements, rapiècements créent non une restitution mais un renouvellement. Ratures et taches “indéterminent” le déterminé et refusent que la vie disparaisse. C’est la seule “leçon” possible de l’art face aux forces de domination. Avec Monica Fedele, il demeure une insurrection en marche. Celle-ci fait résistance par de nouvelles “mises en scène”. Entre volonté de puissance et amnésie, l’œuvre érige la disponibilité d’un rêve : sa vapeur sauve l’eau du feu et le feu de l’eau.
jean-paul gavard-perret
Simona Fedele, Paintings and Icons, 2014, 155 p. Udine (Italie), catalogue disponible par www.simonafedele.com