Lire notre critique de La saga Maeght par Yoyo Maeght
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’énergie, toujours, la curiosité.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’ai toujours les mêmes : regarder tout, être seule dans un musée.
A quoi avez-vous renoncé ?
A rien parce que je me dis toujours je ferai. Peut-être certaines illusions sur les gens.
D’où venez-vous ?
Des marches d’une église une nuit d’hiver ‘(1).
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
Le cinéma l’après-midi.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Boire un Château Pommard dans un verre en cristal.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres mémorialistes ?
Je transmets la mémoire qu’on m’a confiée.
Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpela ?
Une image rassurante : un oiseau blanc sur fond bleu de Braque : une véritable photo de famille pour moi.
Et votre première lecture ?
« Le roi et l’Oiseau » de Paul Grimault et Jacques Prévert.
Comment pourriez-vous définir votre travail sur les traces rhizomiques du passé de votre famille ?
Un plaisir et une quête quotidienne de trente ans.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Beaucoup de musique. J’ai une passion pour le jazz vocal (Ella Fitzgerald en tête). Et Mozart et Bach en boucle. Mozart c’est Picasso pour la drôlerie, Bach, Braque pour la rigueur : je ne peux pas choisir.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Notre Dame de Paris » de Victor Hugo : le livre le plus contemporain qui soit. La description de la société y est totalement d’actualité.
Quel film vous fait pleurer ?
Beaucoup de films, Je citerai « La bête et la bête » de Cocteau.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une grosse dame (rire) Je vois les défauts. .
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Je n’ai pas encore osé écrire à Sofia Coppola que j’admire pour tous ses films et pour sa faculté à s’être fait un prénom.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Nîmes : il y a là « la Maison Carrée », c’est le temple le mieux conservé de l’Antiquité, le Musée « Carré d’Art » de l’architecte Norman Foster où j’ai organisé une exposition Gasiorowski et parce que c’est dans cette ville que mon grand-père a fait ses études. Tout est réuni dans cette ville pour moi : l’Histoire de l’architecture, celle de la famille et de l’art à travers mon mentor. Cette ville est pour moi une chance.
Quels sont les écrivains et artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Je n’ose pas dire que je me sens pas proche des écrivains. Des artistes non plus. Mais je citerai Gasiorowski pour l’intimité de l’art et Aki Kuroda mon inséparable ami.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Mes amis.
Que défendez-vous ?
La liberté.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Je trouve impossible de donner une définition de l’’amour, cela change toutes les 5 secondes, donc la phrase de Lacan est valable 5 secondes.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?”
Tout ce que j’aime.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
êtes-vous heureuse ?
(1) allusion au premier chapitre du livre où Yoyo se moque de l’anecdote mythique autour de sa naissance
Entretien réalisé par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 13 juillet 2014 (pendant la finale de la Coupe du Monde de Football)
La parole de Yoyo Maeght vaut bien mieux que la coupe du monde de football et la réponse à la question : ” Êtes-vous heureuse ? ” complèterait l’excellence de l’entretien .