Pour dire le soleil et le goût des orages et afin que le corps reste ouvert « à la caresse du désir dans l’esquisse du temps », Astrid Shriqui Garain invente un chant ample, lyrique. Sans pour autant sacrifier à la moindre pompe. Tout reste sous une tonalité pudique : elle rend la sensualité encore plus prégnante. L’existence devient un voyage aux multiples rhizomes et une succession de ponts. Le corps y garde sa puissance d’éveil et d’accueil :
« Tu respires,
Et je suis en attente
Seul le jour viendra te découvrir
Quant à moi je ne bougerai pas »,
écrit l’amoureuse fidèle à ses émotions les plus profondes, soumise à sa seule liberté qui est aimantation et refuse de prendre l’alter ego en otage des sentiments.
La poétesse fait glisser dans ses vagues. A l’existence, que répondre sinon ce qu’elle nous en dit au nom de l’extase de l’envie d’être en vie, quelles que soient les embûches ? L’écriture s’enfonce discrètement là où l’auteure retourne l’image contre elle-même afin d’offrir au chant de l’être une littéralité. Refusant la dépression, le creux, elle opte pour l’extase et la transe.
Une telle voix appelle : elle dit « viens » à l’autre comme à la vie. Plus besoin de mots parfois : les êtres se comprennent par un silence. Mais il faut qu’il soit dit afin que le lecteur puisse le partager. Et c’est bien là une (mais pas la seule) réussite du livre qui demeure sans cesse jusqu’à son « ailleurs » la création absolue en contact avec la vie.
jean-paul gavard-perret
Astrid Shriqui Garain, Ynys Avallach, Les éditions du Littéraire, Paris, 128 p. - 14,90 €.
Merci Jean-Paul, merci pour votre signe sur mon chemin.
Amitiés. Astrid.