L’ABC de notre vie est un rythme à plus de cent « tant » et de mises en scène, le tout selon une polyphonie informationnelle et une épaisseur d’affects disposés en contre-point : épais et étendus, simultanés et successifs comme en miroir mais surtout inséparables de notre signature personnelle prise dans le bas de casse en initiales du gingembre et de la prêle dressés verticalement au-dessus des prés et du nom.
Par des notes correspondant aux voyelles (avec le si bécarre et si bémol pointé) s’ouvre le rite à la fois barbare et bouleversant des femmes par lesquelles les couleurs et mondes naissent pour la grâce du tout. A notre alphabet de les métaphoriser avec audace, volonté de changement, signes d’invitation. Dépouillé de tous les artifices, il se pose sur l’existence pour en faire une autre.
Couchées, courbées ou droites comme des « i », les pensées et les émotions glissent entre langage verbal et musical pour s’inscrire intimement contre la mort dans le mouvement perpétuel de la beauté.
jean-paul gavard-perret
Photo de Alfred Cheney Johnson