Dans le champ du vide de la page, Bourçon inscrit sa présence paradoxale bien qu’il soit happé par la disparition. Il souhaite en filigrane que les temps qui s’ouvrent ne malmènent pas cet « objet » au profit de la découverte de l’être et du monde — voire pour les exorciser.
Par la recherche du sens au creux de l’être, celui-ci réinvente sa germination qui reste le centre de la quête. Son travail est donc une percée vers l’immanence en cette proximité où il doit garder la prééminence de son intuition (avec au besoin le souci de la vérifier, même si ce n’est pas son objet) afin de constater si et comment la vie la suit pour en faire son miel.
Par une suite de pulsions inconscientes qui n’appartiennent pas qu’au domaine du rêves et n’ont même rien à voir avec lui, le poète n’est pas un “doux rêveur” mais c’est son contraire: quelqu’un qui croit à l’illimité d’une connaissance dont il ne sait rien mais qu’il anticipe.
Peu à peu s’énoncent des convictions en rien établies mais qu’il cherche en naviguant contre la certitude pour sa vérité. Les questions qui se posent insidieusement doivent tenir compte des réponses venues du tréfonds de l’être poète de l’austérité du labeur et non du vague à l’âme.
Il tente par fragments de donner des actes de vérité et de présences. Qu’importe qu’ils semblent illusoires si quelque chose avance contre l’illusion en ce livre qui voudrait se concevoir comme une œuvre de totalité. Mais une telle œuvre n’est, rappelle l’auteur, jamais totale.
jean-paul gavard-perret
Michel Bourçon, Selon la houle, Editions Accents Poétiques, 2024, 85 p.