Six pieds sous ciel (Jacques Rebotier)

Montrer le sens en suspens

Dans la tra­vée sur le côté des gra­dins, un homme vient tapo­ter sur son télé­phone, déclen­chant mani­fes­te­ment quelque algo­rithme. Trois nour­ris­sons appellent leur mère. Un répon­deur leur pro­pose des options ; les touches choi­sies leur per­met­tront de déclen­cher des réac­tions ; mais la réité­ra­tion des mes­sages exhibe leur biais. 
Fina­le­ment se trouve expli­cité l’énoncé de notre exis­tence : pour échap­per à son des­tin, il est requis d’utiliser un code long, indé­chif­frable, qui n’augure aucune pro­messe. Le ton est donné : les trois per­son­nages pro­fèrent en même temps les mêmes répliques, consti­tuées de pro­pos stan­dar­di­sés, décon­tex­tua­li­sés, pro­duisent des effets iro­niques, cocasses, critiques.

Le spec­tacle est consti­tué d’une suc­ces­sion de pro­fé­ra­tions uti­li­sant des alli­té­ra­tions, des expres­sions cou­rantes pour en inter­ro­ger le sens en le lais­sant comme en sus­pens. Les séries de paroles sont entre­cou­pées de dépla­ce­ments rapides avec des cha­riots, bal­let déri­soire dépourvu de cho­ré­gra­phie. L’espace sans décor est par­fois occupé par un fond sonore, d’où émergent tan­tôt des pro­pos poli­tiques, tan­tôt des bribes de phrases de spor­tifs.
Par sa dénon­cia­tion de la super­fi­cia­lité de notre monde, son ton cocasse et ico­no­claste, la repré­sen­ta­tion séduit ; mais le dis­cours est redon­dant, faute de répon­dant qui puisse le consti­tuer en pers­pec­tive, il semble à terme finir par s’autodétruire à force d’être reconduit.

 chris­tophe giolito

 

Six pieds sous ciel

texte et mise en scène Jacques Rebotier 

 avec Anne Gou­raud, Auré­lia Labayle, Émi­lie Lau­nay Bobillot

Créa­tion son Ber­nard Val­lèry ; coiffes Katell Lucas.

Avec la par­ti­ci­pa­tion ami­cale de Ber­trand Cou­derc, Marion Gastaldo.

A La Col­line Théâtre natio­nal, 15 rue Malte-Brun, 75020 Paris.

Du 6 au 24 novembre 2024 au Petit théâtre, du mer­credi au samedi à 20h, mardi à 19h et dimanche à 16h, jeudi 14 et 21 novembre à 14h30 et 20h, relâche dimanche 10 novembre, durée 1h05.

Billet­te­rie 01 44 62 52 52 billetterie.colline.fr

Pro­duc­tion com­pa­gnie voQue ; copro­duc­tion La Col­line – théâtre natio­nal, Châteauvallon-Liberté – Scène natio­nale de Tou­lon ; avec le sou­tien de la SPEDIDAM, Joël Jouan­neau, L’Éphémère et la ville de Port-Louis.  La com­pa­gnie voQue est conven­tion­née par le minis­tère de la Culture – DRAC Ile-de-France.

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