Avec son exposition Limen, soglia di passaggio, Mario Cresci crée des images dans une réalité hybride, faite de papier, de cartes et d’imagination : un projet artistique basé sur son interaction avec le territoire et les cartographies de la Sicile rassemblées dans la collection Cesare e Doris Zipelli de la Banca Agricola Popolare di Ragusa, qui attestent de l’interprétation géopolitique de l’île entre le XVIe et le XIXe siècle ainsi que de la complexité du patrimoine culturel.
L’exposition au Palazzo Garofalo fascine Cresci dont la photographie fait en quelque sorte partie de sa vie. Sans formation en photographie, il a suivi des cours de design industriel à Venise mais aussi avec Italo Zannier un cours de photographie. C’est pourquoi Cresci a décidé de, écrit-il, « ne pas être designer, mais plutôt d’utiliser la photographie à des fins de design. »
Mais quand le Pop Art américain arriva à la Biennale de Venise, cela changeait radicalement les paramètres de l’art à travers Warhol, Lichtenstein, Rauschenberg : « Et je me demandais pourquoi les photographes s’enfermaient dans la chambre noire, alors que ces artistes ouvraient la chambre noire et s’ouvraient sur le monde », précise l’Italien.
Sa façon de photographier est ancrée dans des études et des expériences multidisciplinaires, mêlant l’étude du langage photographique à l’art contemporain. Il se confronte aux images du patrimoine artistique, source de suggestions infinies, contenant photographie, dessin, peinture, vidéo et installation. De plus, il a toujours développé différents thèmes et manières d’expérimenter. Tout cela est concentré dans les œuvres d’art. Et Mario Cresci a créé à Raguse ce défi entre la découverte du territoire et les cartes dans la recherche constante d’un foyer de pensée.
jean-paul gavard-perret
Mario Cresci, Limen, Soglia di passaggio, Palazzo Garofalo, Ragusa Superiore, automne 2024.