Les poèmes de Bernard Grasset– d’abord publiés dans diverses revues — deviennent en ce troisième triptyque de ses poèmes de voyage des fragments d’images qui s’agglutinent et dont une telle écriture est toujours condensée. Elle retient l’essentiel voire le mythe de l’éther des lieux.
Il ne faut donc pas se tromper sur le propos et l’ambition d’une oeuvre capable des plus grands effacements des standards de représentation mais aussi des plus magiques “coagulations”. C’est là sans doute la force subversive de l’œuvre dans l’ éloge eu la poésie pure par sa simplicité.
La possible déformation du paysage n’est jamais une simple déformation mais une évocation. Celle-ci chez Grasset a valeur de rituel qui mord le monde. Il permet au regard sur le réel d’entrer dans un impressionnisme où la fixité du poème offre une vision à la fois marmoréenne et animée.
C’est du grand art loin du simple « ut pictura poesis ». En effet, les poèmes deviennent des portraits-nus (à insister sur le trait d’union). Il y va de la nudité du traitement du paysage qui est par principe “habillé”. Le dispositif choisi par Grasset est donc simple et sophistiqué : tout devient transparent par dépouillement des voyages où se retient une sobriété où s’ouvre ce qui est vu entre les « lacets du soleil » et les portes des aubes.
jean-paul gavard-perret
Bernard Grasset, ET le vent sur la terre des hommes, Editions Henry, coll. La main des poètes, 2024, 48 p. — 10,00 € .