Des sues

(Com­ment chan­ger de cap ?)

Lhor­loge de la tour indi­quait chaque midi quand, tel Kant à la pré­ci­sion hor­lo­gère, le regar­deur ren­trait chez lui d’un air pen­sif, retrou­vant dans son miroir autant son reflet que son irréel. Il n’avait pas d’occasion où aller et donc jamais ne se pres­sait sinon au bal. Plis­sant les yeux tel Clint East­wood, il dan­sait par­fois avec les ondines qui croyaient mar­cher sur l’eau, n’ayant plus de rai­son de pleu­rer ou d’avoir de tristes songes.

Un tel cœur pou­vait les sau­ver. Mais il vivait sans ciel, sans racines, assé­ché comme s’il ne man­quait ni de dague ni de suc et s’envolait comme un pigeon. Peu lui impor­tait la cou­leur des yeux de celles qui fré­mis­saient dans ses bras mais res­taient des fleurs de braise aux cuisses légères mena­çantes du socle de la société. Mais par la gra­vité de cet homme, elles per­dirent leurs illu­sions. D’autant que, por­tant beau, son robi­net fuyait, et le plâtre de son torse s’écaillait bien vite.

Danseur, son nerf scia­tique ali­menta ses com­plaintes et lamen­ta­tions jusqu’à faire pleu­rer les murs, tant que les déçues revinrent fissa-fissa à une sorte de raison.

jean-paul gavard-perret

photo Lae­ti­tia da Beca

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