C’est une évidence pour Bergounioux : la littérature est l’objet ou le sujet du présent. Celui-ci trouve les expression les plus avancées. Le quasi instantanéiste de ses données fait que ” L’aventures de lignes dont parlait Michaux dès 1954 prend ici des dimensions exponentielles. Bergounioux pousse son enquête mais il garde une conscience entière de vivre dans un monde d’énigmes auquel il convient de résister.
Se revendiquant comme, sinon piéton, du moins observateur et vigie du monde, il met à nu les nouveaux rapports qui s’imposent au présent par la littératures même si parfois les auteurs créent une choc des civilisations au moment ou ceux-là ou celles-ci courent à leur perte.
« Nul langage ne se substituera jamais à celui qui, depuis trois mille ans, escorte en l’éclairant notre aventure. La littérature, seule, peut expliciter les significations ultimes, ténues, vertigineuses qui hantent obscurément nos jours.”, écrit-il et il en tire la conséquence majeure : nous ne sommes sans doute pas faits pour penser, pour percer la zone des approximations. “Le pays d’ombre et de brume où nous avons notre première demeure et notre habituelle résidence ne gagne pas à paraître au grand jour. Si tel était le cas, on n’aurait pas le souffle court, le cœur battant lorsqu’on tâche à démêler ce qui se passe vraiment », ajoute-t-il.
Toutes les œuvres sont donc contemporaines à leur monde. Pour l’illustrer, l’auteur se consacre aux grands écrivains qui l’ont marqué, élevé au-dessus de leur détermination uniquement pour parler à l’humanité. C’est dans cette dimension que se retrouvent Gustave Flaubert, Alain-Fournier, William Faulkner, Henri Thomas, Claude Simon, Jacques Réda et Pierre Michon qui sont donc célébrés. De leur héritages perdure une réflexion rigoureuse sur l’écriture et le monde.
jean-paul gavard-perret
Pierre Bergounioux, L’ invention du présent, Fata Morgana éditions, Fontfroide le Haut, 2024 réédition, 64 p. — 22,00 €.