Il n’est publié nulle part. Le Vatican veille, les gradés maçonniques itou. De temps en temps, ils l‘invitent pour lui demander conseil. Mais rien ne filtre sur ces brèves rencontres. Il prétend au sens de la littérature mais tout le monde assure le contraire.
A défaut, il poursuit quelques femmes mariées mais singulières. Pas questions de leur poser des questions à son sujet : elles ne disent rien et se considèrent saintes spécialisées du stupre et de la fornication ; à les entendre, il est aussi séduisant que drôle. Tout autre femme arrive à ou rêve de ces conclusions.
Nul ne peut le trouver à l’Université ou dans un ministère. Ses moyens de vivre restent inexpliqués mais, ne manquant de rien, il transforme le plomb en or. Certains le disent psychanalyste qui assume des consultations sans dire comment, où et à qui. Cette possibilité reste douteuse ou existe.
Son style est reconnu tranchant, énergique, percutant. Il reste un mystère mais se reconnaît au bout de trois lignes. Le mal ignore le bien d’un ton forcé pour écraser avec volonté et ténacité l’hydre hideux. Mais il n’a que l’embarras du choix parmi les femmes dont il peine à se rappeler les prénoms. Des inoubliables. Il s’ennuie avec deux ou trois des mélancoliques ; il est partout et nulle part.
Mais il se porte bien, répandant le poison violent de ses livres dont la boussole est sûre au milieu d’une actualité massacrante. Tel un tel diable, en écrivain croyant, il sacrifie à une prolifération de détails. Il s’y cache mais les montre du doigt. Rabbins, imams et théologiens méprisent son appétence pour L’Enfer de Dante et pour son existence de licences.
Seul un dieu pourrait le sauver mais son expérience porte sur sa vérité du merveilleux silence. Cette indication est très claire mais elle échappe bien plus à la critique littéraire qu’aux femmes adultères.
jean-paul gavard-perret
photo de Gilles Caron