Raymond Farina revient à une de ses thématiques ou, mieux : « ces petits riens volants » que sont les oiseaux. Leur légèreté et grâce deviennent non seulement leur chant mais celui d’un tel poète. Dans les deux parties de son livre surgissent piaillements et plumage mais aussi, par la voix du poète, des questions à la Sibylle. Mais c’est comme si, pour l’une comme pour les oiseaux les plus légers, leur clairvoyance dépassait celle du poète lui-même, homme parmi les hommes dans “les limites de ce bas-monde”.
Mais un tel poète se fait si innocent car réceptif mais avant tout sage très fûté et affuté. Certes, ses doutes subsistent. “Pourrais-tu me dire Sibylle / s’il fait vraiment chaud en Enfer ? Est-ce l’hiver au Paradis ?”. Mais Farina, contrairement au pioupiou godillot, se veut gandin en pariant sur un éventuel possible : “un smoking est-il de rigueur dans les soirées de l’Éternel ?”.
Néanmoins, en hommage à l’inframince du volatile et sa simplicité, l’auteur (au moineau par exemple) répond à « son insolence d’aristo » par son statut de « petit clodo ». Raymond Farina fait mieux que s’en amuser grâce au lyrisme musical de ses scansions et des jeux sonores, à la manière des agréments de ses partitions qui semblent presque d’un clavecin mozartien.
Le style poétique est ici créé de battements parfois mordants ou pincés sans rire mais ironie. Farina ne cherche cependant jamais à imiter l’oiseau mais à accentuer et mettre en valeur sa présence avec parfois un détachement non dénué d’humour. Où se sème l’espérance même si, pour tout humain, reste la question “de la fin des fins” et son solfège
jean-paul gavard-perret
Raymond Farina, Les grands jaseurs de Bohème suivi de L’oiseau de paradigme, Editions N et B, Colomiers, 2024, 116 p. — 13,00 €.
Les poèmes de Raymond Farina alimentent mon NIVARNA intime . L’écrivain nous éveille au monde magique des grands jaseurs de Bohème avant d’aborder un philosophique oiseau de paradigme . Un festival de culture et de rêve . JPGP s’en mêle à l’aune d’un homme de qualité .