Mèches

(Com­ment rater un roman ?)

Mon cer­veau rep­ti­lien émet des signaux. Il faut en faire quelque chose et vers une direc­tion quel­conque. Dans mes pages res­tent des ecto­plasmes, des sil­houettes trans­lu­cides, de vagues vagues qui sortent du passé et se fondent dans le pré­sent sans restriction.

Il faut aussi essayer de fixer par écrit des images et essayer de les éclair­cir vu ce qui est passé par le cer­veau. Elles se coa­gulent en lignes dans un champ immense plein des mau­vaises herbes de mots. Ne devraient en res­ter quelques mèches grou­pées dans des touffes iden­ti­fiables pour concen­trer l’attention.

Peut s’apercevoir une sil­houette qui se déplace part très loin, dans un tra­vel­ling qui la suit pour scru­ter les détails de ses habits, de son visage. Plu­tôt ce qui en tient place. Sa sur­face lisse de peau ten­due est sans relief. Comme les masques de théâtre sans nez, lèvres, pom­mettes et front. Bref, une sur­face bien laquée et seule­ment un contour.

Autre­ment, on ne le connaît pas. C’est dif­fi­cile de le recons­truire dans mes condi­tions. Disons qu’il est plus ”de dehors” comme pro­duit de l’imagination.

jean-paul gavard-perret

photo :  Robert Rozerlav

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