L’héroïne, Elba, porte le nom d’un fleuve. Sa mère l’a choisi car seuls les fleuves circulent librement, lui disait-elle, avant de disparaître mystérieusement. Depuis, Elba grandit seule dans cet endroit qu’elle nomme “le monde-à-moitié” : un asile psychiatrique, à Naples. Elle apprend que « L’amour est incompréhensible, une forme de folie. » avant que docteur Fausto Meraviglia décide de libérer ses patients et de prendre Elba sous son aile. Jamais bon père avant, il apprend le poids et la force de la paternité.
Mais pour Viola Ardore, la langue n’est jamais une connaissance acquise, au mieux un instrument à bidouiller, même si c’est la colonne vertébrale de l’être. L’auteure devient gazetière de l’héroïne en réunissant des éléments communs, des homonymes dont l’identité est séparée d’une distance appréciable. Néanmoins, l’auteure se veut d’une personnalité créatrice qui se «démultiplie» pour se réaliser dans une nouvelle hypostase sur un tel sujet.
Son livre peut choquer des positions prises mais s’y affirme un caractère purement imitatif de la littérature connue sur un tel sujet. Le mérite d’une “découverte“ de cette dépendance ne lui revient pas. C’est une influence, une symbiose voire un parasitisme. Son écriture se dit célibataire en un mariage réussi où l’autre est utile au un. Elle commence en Freud et Faust pour casser toute suffocante intimité.
Mais demeure la figure de proue d’une idéologie romantique de l’évidence. Elle vit d’un autre arbre, grandit dans un autre cocon où la littérature s’est déjà développée. Cela cependant ne change en rien à son problème. Mais acceptons qui il est.
jean-paul gavard-perret
Viola Ardore, Les merveilles, Albin Michel, coll. Grandes traductions, Laura Brignon, 2024, 400 p. — 23,00 €.