Julian Slagman, dès dix-sept ans, oriente son objectif vers ses deux jeunes frères, Mats et Jonah. Il les observe grandir à travers l’objectif et pénétre leur monde dans lequel le rêve se mêle au jeu pendant douze ans. Dans cette récension personnelle, aucune trame chronologique n’est choisie volontairement : une temporalité en appelle une autre sans ligne droite.
Les frères de Julian Slagman se métamorphosent entre les formes de l’enfance et de l’adolescence. L’un est atteint d’une scoliose. Le photographe montre cette malformation, sans pudeur, ni pathos. Mais « l’acte de photographier, qui revient finalement à découper des situations dans le réel, peut être très brutal. », écrit-il.
Toutefois, le sujet du livre n’est pas cette opération et scoliose de son frère. Sans être le personnage principal, il est intégré dans cette fraternité familiale. “De toute petites images découpées dans le temps”, précise-t-il, parlant de sa relation à la photographie et au temps.
L’artiste regarde ses frères mais, eux, se regardent. Cela permet de percevoir la connexion intime entre l’acte de voir et d’aimer.
jean-paul gavard-perret
Julian Slagman, Looking at my Brother, Editions Disko Bay, 2024, 120 p. — 25,00 €.