Avec un peu de curiosité, le lecteur ou la lectrice s’attend à une poésie quelque peu spatialiste. Or il en n’est rien : « encore moche de vieillir / ma mémoire gruyère allège ma vue / qui baisse autorise / puissions-nous toujours remplacer / une fonction perdue par une autre». La poésie peut la remplacer.
L’auteur, sans en manquer, préfère aux cases du livre ce qu’il nomme des « ronds ». Afin de les cultiver il dédaigne, avec raison, majuscules et ponctuation. Et le poète d’ajouter s’enticher aussi ldu« culte à la mouche car elle est ce qui se rapproche le plus de la poésie ».
Valougeorgis Gorguine pratique ses activités d’un tel diptère. Par sauts et envols. Il s’engage, quitte à la menace des chasse-mouches (mais dans son cas sans inquiétude), à un statut particulier du poème où tout s’investit non sans humour. Entre air et sol
Sans tourner en rond ou « bzzzz, bzzzz », la poésie caresse l’espoir incertain de nourrir quelques belles âmes et aussi le corps sensible et fatigué qui le soutient jusqu’à espérer qu’il peut se reproduire.
Mais la complexité humaine oscille entre solitude, incompréhension et doute. Néanmoins, à coup de ronds une protection est assurée voire une joie pour tout ce qui peut faire objet d’un monologue, sinon d’une conversation.
jean-paul gavard-perret
Valougeorgis Gorguine, Poèmes ronds, Editions La Dispo, 2024, 62 p. – 16,00 €.