Commencer par la faim

(Qu’est-ce que l’amour ?)

Dans ta chambre, l’air est doux, le monde semble endormi. Il ne te manque que peu de mots. Déjà s’engouffre l’oiseau qui passe. Tu le vois en ton puits amé­nagé de frêles pas­se­relles avec ce qui dehors reste et se balance. Tu te dis tout de même : “vois ma fille tout ce que tu fais pour le com­bler,  son plai­sir!“
Mais il arrive dès avant de venir, tu n’as qu’à subir ce qui le mène à la fin au com­men­ce­ment. L’oiseau vole à l’envers. Du voyage achevé, tu cherches parmi tes braises au moins une étin­celle. Mais cet acte de chair n’eut qu’un pou­droie­ment théâ­tral et par­tiel. Dans tes cou­lisses, tu t’absentes des mots.

Dès ta pre­mière phrase — in petto dans tes blancs — tu n’en pen­sas pas moins : “Rit bien qui rit le pre­mier mais ce qui m’arrive n’est pas le meilleur”. Le temps n’est donc pas linéaire mais rela­tif en cette sorte d’évidence sans que rien n’avance.
Néan­moins, il y a peut-être un peu trop d’évidence et pas assez de mys­tère ou de balafres légères tra­cées dans le temps par les mots sque­lettes. La voix monte des mains, des yeux, retombe. Nul ne sait jamais à l’avance sinon phos­phènes et pos­sibles lumières, soient-elles éphémères.

jean-paul gavard-perret

Photo de Cindy Sherman

 

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Filed under Erotisme, Inclassables

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