Christoph Bruneel est attentif jusque aux hymnes patriotiques chantés par d’approximatives cantatrices tentatrices. Il y a du monde à leur balcon et en conséquence bien des adultes errent dès que les castratrices font la fête à noeud-noeud. Exit tout tantra védique. Restent en non conformité des permissions sémantiques, graphiques, phoniques pour la gloire in excelsis déodorants de lard du non-sens et de la magie verbalisée par l’outrance.
La fantaisie de vocables d’acier rit. Elle va moins à l’amble qu’à gambades chez un galopin d’un tel lopin outre-Quiévrain. Urbi et hors bite y rencontrent des aéropages d’inconnu(e)s nu(e)s — ou non. Citons par principe (ou piston) : Désiré Tricot poète prolétaire oublié de justesse, les sœurs Asymptotes, Planche Piège et ses sept Puces puis une autre aux sept Nabots. C’est là du plus pur surréalisme belge “muttum — verbum — lexis ” dit Bruneel.
Il reste réducteur de têtes et de factotum d’humains par mots mis. Reste alors à entonner avec lui, en baie molle, la Brabançonne. D’autres pourraient être décapités devant un carnaval de dix sonnances. Rabelais, découvrant un tel histrion wallon des paroles en dégel, se soulève de sa tombe. De quoi partager avec lui, et pour l’âme qui butine, une bonne bière en un caveau frontalier de Mouscron.
jean-paul gavard-perret
Christoph Bruneel, Quemhrf ! (en manège), Editions de l’Âne qui butine, Coll. Xylophage, Mouscron (Belgique), décembre 2023, 290 p. — 22,00 €.