L’arpenteur de Paris et poète hanté par la nostalgie Léon-Paul Fargue créa de nombreux portraits de son époque de grands aînés de la littérature et de la peinture. Publié en 1946 et devenu introuvable il a écrit un éloge furieux de Vélasquez. De Séville à la cour du roi Philippe IV, il est décrit comme un “mystique qui ne veut point dire son nom” mais fit surgir, sur le visage des hommes, la complexité de l’intériorité qui les consumait.
Fargue a donc décelé “une immobilité incantatoire” et méditative en l’artiste présenté en tant que « le véritable peintre de l’Incarnation». Cela, dans les contraintes de la vie officielle ou de la vie d’apparat où il vivait en seigneur.
Vélasquez régla le débit entre sa vertueuse maîtrise de lui-même et sa nature passionnelle, violente. Il ne put jamais vraiment s’y dérober en gardant les clés qui ouvraient sur le labyrinthe de la sensibilité. Par son expérience des matières picturales, il fit ce qui semblait inaccessible. Le tout habité par sa passion et sa profondeur.
jean-paul gavard-perret
Léon-Paul Fargue, Vélasquez le seigneur, Fata Morgana, Fontfroide le haut, 2024, 56 p. — 10,00 €