Décès de Paul Auster

Commu­ni­qué de presse des édi­tions Actes Sud :

C’est avec une immense et pro­fonde tris­tesse que nous vous annon­çons le décès de Paul Aus­ter, sur­venu ce mardi 30 avril, des suites d’un cancer.

 Paul Aus­ter n’est pas, dans le cata­logue d’Actes Sud, un auteur parmi d’autres. Sa ren­contre avec nos édi­tions – à l’époque presque aussi incon­nues qu’il l’était lui-même dans son propre pays – date d’un voyage d’Hubert Nys­sen à New York, au milieu des années quatre-vingts.

Dès que fut tra­duit (par Pierre Fur­lan) Cité de verre, Paul Aus­ter vint à Paris où la modeste mai­son arlé­sienne avait orga­nisé, dans l’enthousiasme, comme s’il s’était agi du nou­veau prix Nobel, une “confé­rence de presse” ! C’est qu’immense était alors en France le désir de lec­tures neuves, l’appétit de tra­duc­tion. Et rapi­de­ment, la sub­ti­lité nar­ra­tive et les chausse-trappes exis­ten­tielles de la Tri­lo­gie new-yorkaise, por­tées par le cha­risme, la poé­sie et l’érudition fran­co­phile de Paul Aus­ter, allaient s’imprimer – le mot dit bien la chose – dans l’identité lit­té­raire de toute une géné­ra­tion.
Être son édi­teur – ou son édi­trice, en l’occurrence Marie-Catherine Vacher – était une chance, et devint pour Actes Sud une carte de visite cir­cu­lant ample­ment dans le cercle tou­jours plus large des amis de Paul Aus­ter…
Son œuvre n’en était qu’à ses débuts – mais déjà nous fai­sait gran­dir. Et quand ici ou là sont cités les noms des fon­da­teurs d’Actes Sud, il fau­drait ajou­ter qu’assurément, la confiance que Paul Aus­ter leur a accor­dée fut aussi bien­fai­sante que déter­mi­nante dans leur histoire.

Ber­trand Py
Direc­teur édi­to­rial des édi­tions Actes Sud

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Paul Aus­ter

Né en 1947 à Newark dans le New Jer­sey, Paul Aus­ter étu­die de 1965 à 1970 les lit­té­ra­tures fran­çaise, anglaise et ita­lienne à Colum­bia Uni­ver­sity, où il obtient un Mas­ter of Arts. Il publie à cette époque des articles consa­crés essen­tiel­le­ment au cinéma dans le Colum­bia Review Maga­zine, et com­mence l’écriture de poèmes et de scé­na­rios pour films muets qui devien­dront ulté­rieu­re­ment Le Livre des illu­sions.
De 1971 à 1974, il s’installe à Paris et tra­duit Jacques Dupin, André Bre­ton, Edmond Jabès, Sté­phane Mal­larmé, Henri Michaux ou André du Bou­chet. Unearth, son pre­mier recueil de poèmes, paraît aux États-Unis en 1974, puis en France, en 1980, aux édi­tions Maeght. En 1979, il publie sous le pseu­do­nyme de Paul Ben­ja­min un roman poli­cier inti­tulé Fausse Balle, dans la “Série noire”.
Son roman, Cité de verre (pre­mier volume de sa Tri­lo­gie new-yorkaise), paraît en 1987 aux édi­tions Actes Sud et connaît un suc­cès immé­diat auprès des médias et du public.
Paul Aus­ter est l’auteur d’une œuvre de pre­mier plan, recon­nue dans le monde entier et tra­duite dans plus de qua­rante langues. Écri­vain pro­li­fique, outre une ving­taine de romans, il a publié des essais, nou­velles, pièces de théâtre, recueils de poé­sie, scé­na­rios…
Il a reçu de nom­breuses dis­tinc­tions lit­té­raires dont le prix Médi­cis étran­ger pour Lévia­than, le Pre­mio Napoli pour Sun­set Park, et le très pres­ti­gieux prix Prince des Astu­ries pour l’ensemble de son œuvre. Il a été fina­liste de l’International IMPAC Dublin Lite­rary Award pour Le Livre des illu­sions, du Pen/Faulkner Award for Fic­tion pour La Musique du hasard, ou encore du Man Boo­ker Prize pour 4 3 2 1.
Sa pièce de théâtre, Lau­rel et Hardy vont au para­dis, a été mon­tée en 2000 au théâtre de La Bas­tille, son roman La Musique du hasard a été adapté au cinéma par Phi­lip Haas en 1991, et Cité de verre a été adapté en bande des­si­née par Paul Kara­sik et David Maz­zuc­chelli, en 1999.
Cinéaste, il a écrit plu­sieurs scé­na­rios dont ceux de Smoke et de Brook­lyn Boo­gie, films qu’il a coréa­li­sés avec Wayne Wang (1995). Puis il s’est lancé seul dans la réa­li­sa­tion de longs-métrages : Lulu on the bridge, sélec­tionné au Fes­ti­val de Cannes dans la caté­go­rie “Un cer­tain regard” en 1998 et La Vie inté­rieure de Mar­tin Frost, sorti en 2006.

Paul Aus­ter a été élu membre de l’American Aca­demy of Arts and Let­ters et nommé Com­man­deur de l’ordre des Arts et des Lettres.

Il a vécu la majeure par­tie de sa vie à Brook­lyn avec sa femme, la roman­cière et essayiste Siri Hust­vedt.
L’ensemble de son œuvre est publié chez Actes Sud

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” Pour faire ce que tu fais, il te faut mar­cher. Mar­cher, c’est ce qui attire les mots à toi, ce qui te per­met d’entendre les rythmes des mots à mesure que tu les écris dans ta tête. Un pied en avant, puis l’autre, le double bat­te­ment de tam­bour de ton cœur. Deux yeux, deux oreilles, deux bras, deux jambes, deux pieds. Ceci, puis cela. Cela, puis ceci. Écrire com­mence dans le corps, c’est la musique du corps, et même si les mots ont un sens, s’ils peuvent par­fois en avoir un, c’est dans la musique des mots que com­mence ce sens. Tu t’assieds à ton bureau pour noter les mots, mais dans ta tête tu es encore en train de mar­cher, tou­jours en train de mar­cher, et ce que tu entends, c’est le rythme de ton cœur, le bat­te­ment de ton cœur. Man­del­stam : « Je me demande com­bien de paires de san­dales Dante a usées en tra­vaillant sur la Com­me­dia. » L’écriture comme forme infé­rieure de danse.”

Paul Aus­ter

Chro­nique d’hiver (trad. Pierre Furlan)

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