Christine Coblentz , Mirare

Lost in translation

Les pho­tos de ces trois livrets ont été  “prises volées à des époques dif­fé­rentes, dans des lieux ano­dins ou inter­dits. » écrit Chris­tine Coblentz. Il y a là divers « motifs » (objets, inté­rieurs, pay­sages) pris ou dépris de leur contexte dans le but de les sor­tir du chaos du réel afin d’en pro­po­ser un autre dont néan­moins l’ordre est impli­cite – même si l’artiste n’en donne pas la clé. En noir et blanc, le monde se dif­fracte ou s’étale en une ver­sion d’abord non­sen­sique. Mais toute une logique y rampe. Preuve que ce qu’on prend pour habi­tuel désordre n’est qu’apparence. L’artiste le recom­pose entre expres­sion­nisme et impres­sion­nisme par­ti­cu­liers.
Comme tou­jours Chris­tine Coblentz secoue le voyeur sans pour autant faire usage de vio­lence. Elle se contente de dif­frac­tions. révé­la­trices où les échelles sont brouillées et où les détails ne donnent pas for­cé­ment des ouver­tures à la vue d’ensemble. Fée des méta­mor­phoses, l’artiste joue des dis­so­lu­tions, absorp­tions et méta­mor­phoses.
Tout s’indécide moins dans un exer­cice de décep­ti­vité que de trans­la­tion où le regard se perd en de beaux mirages. Il existe là autant un tra­vail d’intelligence que d’intuition. Les divers ordres (miné­ral, végé­tal, ani­mal, humain) sont pro­po­sés selon des réor­ga­ni­sa­tions que seul un regard dis­trait pour­rait prendre comme superfétatoires.

Mirare  pro­pose en outre une autre his­toire de l’œil en fai­sant jouer le désir de mal­léa­bi­lité de nou­veaux cor­pus. S’y exerce une poé­sie nou­velle dans la « Rose au cœur vio­let » chère à Ner­val. En un tel trip­tyque éclatent bien des mys­tères au milieu des rébus ou puzzles. Tous sont à résoudre avec obs­ti­na­tion, joie fié­vreuse ou mala­dive dans ce qui se veut inépui­sable plai­sir.
Cha­cun y cherche une image dans une autre, un corps dans un autre. Le tout dans un exer­cice conju­gué. Les alcôves visuelles s’ouvrent en refuge pour la vie là où sou­dain ce ne sont plus les nains qui sont les der­niers à savoir qu’il pleut.

jean-paul gavard-perret

Chris­tine Coblentz, Mirare, port­fo­lio de 60 pho­to­gra­phies répar­ties en 3 livrets.Exposition à Alter’Art, Gre­noble et gale­rie Ex Nihilo, Gre­noble, novembre 2018.

3 Comments

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com

3 Responses to Christine Coblentz , Mirare

  1. Villeneuve

    ” Mirare ” au pré­sent confirme , s’il en était besoin , le talent de Chris­tine Coblentz . L’artiste , il y a 15 ans au Larith , avait apos­tro­phé le cri­tique JPGP sans même lui parler …

    • coblentz

      Je vou­drais bien avoir cette page. Com­ment me la pro­cu­rer? Dans une revue à acheter??

      0617974027

      Merci de me répondre.Cordialement.

      C.Coblentz

      • admin

        bon­jour madame,

        Le plus simple est de la récu­pé­rer en la copiant-collant ou en l’imprimant direc­te­ment depuis l’ordinateur.
        il n’existe pas de sup­port papier des paru­tions du litteraire.com
        cordialement,

        la rédac­tion

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>