Shamim Sarif, Nous sommes Athena

Shamim Sarif, Nous sommes Athena

Une réponse aux féminicides ?

L’organisation Athena, dont le nom emprunte à la déesse grecque de la guerre, de la justice et de la sagesse, s’est donnée pour mission la lutte pour les droits de la femme à travers le monde.
Cette entreprise clandestine a été créée par trois dames. Elle emploie, outre des personnes chargées de l’organisation matérielle et du fonctionnement de la structure, trois combattantes formées aux actions musclées.

En compagnie de Hala et de Caitlin, Jessie est embusquée à proximité du camp d’Ahmed, le chef d’une milice terroriste qui a enlevé cinquante adolescentes. Il fait du chantage au gouvernement du Cameroun pour faire libérer des prisonniers. Lorsque les camions arrivent, elles tirent des fléchettes de tranquillisants sur les miliciens. Outre la libération des adolescentes, elles doivent capturer le terroriste vivant pour qu’il soit jugé. Alors qu’elles vont pénétrer dans la cabane où il dort, un camion klaxonne. Il se réveille et prend les deux filles qui dormaient avec lui en otage. Il en tue une mais se fait désarmer par Hala. Tout en morgue, il les défie se vantant d’être de retour dans un an. C’en est trop pour Jessie qui lui loge une balle dans le crâne.
Mais, en tuant Ahmed, elle a failli à la mission et compromet la confidentialité d’Athena.
De retour à Londres, elle est exclue de l’organisation par les trois fondatrices dont sa propre mère. Pour Jessie, c’est un désastre. Elle avait travaillé sur un prochain objectif et devait y participer. Il s’agit de récupérer chez Gregory Pavlic, le pire trafiquant de femmes, les dossiers concernant une grande partie des juges, fonctionnaires haut placés et personnalités politiques. Résolue à ne pas lâcher le morceau, Jessie continue des recherches et ce qu’elle découvre l’incite à partir à Belgrade…

Le récit passe par Jessie, unique narratrice qui décrit ce qu’elle fait et ce que font ceux qui l’entourent, que ce soit les proches ou les ennemis. L’intérêt de ce roman réside d’abord dans son thème. Que des femmes s’organisent, prennent des armes pour en sauver d’autres avec les mêmes moyens que les prédateurs, est peu courant en littérature d’action. Cette dernière est très présente avec les missions à hauts risques que ces jeunes femmes ont à remplir et leur détermination pour atteindre leur but.
Dans cet épisode, car il semble que la conclusion reste ouverte pour de nouvelles missions d’Athena, la romancière s’inspire de la réalité. C’est au Nigéria qu’une organisation terroriste a enlevé quelque 276 écolières et les mafias des pays de l’Est sont souvent impliquées dans des réseaux de prostitution. Dans le cours de l’intrigue, les protagonistes font usage de beaucoup de nouvelles technologies, tant dans la préparation des missions que dans la réalisation de celles-ci.

La narratrice soulève la question fondamentale relative à l’assassinat d’une personne pour en sauver d’autres, le sacrifice d’un seul pour mettre hors de danger tout un groupe. Faut-il exécuter les bourreaux pour qu’ils ne recommencent pas à sacrifier des existences ? Un jugement sans peine capitale est-il juste quand il s’agit de fanatiques ?

Shamim Sarif met beaucoup de sa personnalité et de son environnement dans ce livre. Elle est, par ailleurs, scénariste, réalisatrice et productrice de cinéma. Elle vit avec la productrice Hanan Kattan et réalise par le biais d’une société de production qu’elle co-dirige, des films tirés de ses romans et des romans inspirés par ses scénarii. Avec Kattan, elles ont créé une fondation –Sarif-Kattan – qui traite de différents problèmes, en particulier des femmes et des enfants.
Gageons que Nous sommes Athena, avec son découpage cinématographique et son intrigue très visuelle suivra le même chemin.

Attractif, ce livre se découvre avec grand plaisir pour l’héroïne et pour le traitement du sujet.

serge perraud

Shamim Sarif, Nous sommes Athena (The Athena Protocol), traduit de l’anglais par Cindy Colin-Kapen, cherche midi, coll. « Thrillers », novembre 2019, 288 p. – 22,00 €.

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  1. Ping : #PartageTaVeille | 17/11/2019 – Les miscellanées d'Usva

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