
Sandrine Destombes, Les disparus de la Durance
Le capitaine Martin Vaas se rend sur le quai des Grands-Augustins, parce que des plongeurs repêchent des pieds sciés au niveau du péroné. Ils en ont sorti sept pour l’instant, mais ils ne trouvent aucun corps. Le légiste découvre, dans la septième chaussure, sur une semelle en liège, le mot GAGNÉ écrit en rouge.
La remontée du mot GAGNÉ et des pieds coupés fait ressortir trois autres dossiers toujours ouverts. Le juge en charge de l’affaire souhaite associer le commandant Laszlosevic, que tout le monde appelle Lazlo, d’une cellule d’analyse criminelle. Vaas ne voit pas d’un bon œil cette collaboration, mais il comprend qu’il y a quatre affaires similaires étalées sur vingt ans. La première remonte à 2003 sur la rive gauche de la Durance. Une femme avait été tuée à coups de couteau et son mari retrouvé au même endroit, trois semaines plus tard, mort… de déshydratation. Sous sa voute plantaire le mot GAGNÉ avait été gravé. Le propriétaire du terrain a été accusé, jugé, condamné à vingt ans de prison bien que clamant son innocence. Or, il est mort en prison, il y a sept ans. La presse avait baptisé l’affaire Les disparus de la Durance.
C’est en 2008 que des jeunes femmes, tuées à coups de couteau, sont retrouvés au bord de la Moselle. Un homme, quelques semaines plus tard, est découvert sur les lieux, mort de… déshydratation. Toutes ces affaires se situent sur le bord d’un cours d’eau.
Les enquêteurs comprennent vite qu’il y a sans doute des gens à sauver et engagent une course contre la montre…
Avec une intrigue qui se déroule sur vingt ans, la romancière mène la vie dure à ses nouveaux enquêteurs. En effet, elle laisse la commissaire Maxime Tellier au repos et met en scène un groupe construit avec un sens aigu de la psychologie. Autour de ce capitaine Martin Vaas, qui a pris il y a deux ans la tête de la 3e DPJ en venant de Lyon à Paris, elle constitue un groupe de deux hommes et d’une jeune femme : Chloé Pellegrino, une pétulante policière passionnée de criminologie, Lucas Morgon qui le seconde avec son allure de jeune premier, et Francis Duchamp, l’aîné, un peu taiseux.
Martin aime multiplier les hypothèses, tourner et retourner les données en sa possession pour tenter d’en tirer une vérité ou, pour le moins, un faisceau d’indices.
Sandrine Destombes multiplie les pistes, les enchevêtre pour une histoire sombre, terrible où l’amour est aussi violent que la haine. Elle déroule son récit de façon à suivre pas à pas les avancées des enquêtes menées par les policiers. Elle introduit dans son récit une foultitude de personnages tous dotés de caractères intéressants, justifiant plus ou moins leurs actions, attitudes et décisions. L’auteure sait leur donner une présence, de la chair.
Elle sème dans son histoire nombre de données scientifiques, techniques passionnants, éclairant ainsi les profils des uns et des autres.
Extrêmement documenté, fruit de recherches fouillées dans des domaines divers et variés, ce roman où la tension croit de façon exponentielle jusqu’à une conclusion en apothéose, se lâche difficilement tant son contenu est addictif.
serge perraud
Sandrine Destombes, Les disparus de la Durance, Hugo, coll. « Thriller », mai 2023, 384 p. – 19,95 €.