Philippe Pelaez & Tiburce Oger, L’Enfer pour Aube – t.02 « Paris Rouge »
Toute fortune est bâtie sur un crime…
À Paris, au début du 20e siècle, des notables sont tués par un inconnu au visage recouvert d’une écharpe rouge. Celui-ci, qui utilise des Apaches comme complices, laisse un louis d’or près de chacune de ses victimes.
Le second tome s’ouvre pendant les derniers jours de la Commune. Un homme fuit, à l’aube, retrouver les Versaillais. Le Gouverneur de la Banque de France accepte la demande du comité de salut public qui veut de l’or pour payer les combattants. Il fait mettre une petite partie de la fortune qui est dans son établissement dans un fourgon. Le reste, l’essentiel, il veut le cacher dans des caves qu’il va faire ensabler. C’est le capitaine Ronan Levedec qui assure la sécurité du fourgon. Son neveu ne le quitte pas d’une semelle. Le contenu de la charrette attise les convoitises de quelques individus aux convictions « fragiles ».
Levedec fait ses adieux à ses filles, les confiant à leur oncle et tante. Le fourgon est attaqué et son neveu blessé. L’argent disparaît, le capitaine est fait prisonnier. Reconnu par un des voleurs, il est éliminé au camp de Satory avant qu’il ne parle…
Dans ce second volet, les auteurs s’attachent à décrire la débandade alors que les Versaillais gagnent du terrain, que la Commune vit ses derniers instants. Des responsables confisquent des passeports, des cartes d’électeur, pour changer d’identité. La traîtrise, l’ignominie devient monnaie courante. Seuls quelques fidèles aux idées de justice, d’égalité livrent un dernier combat. Ils seront massacrés, envoyés dans des bagnes. Et des voyous vont s’enrichir, devenir des notables bien en vue.
Le diptyque, commencé comme un polar avec un inspecteur mal en point, se poursuit avec une description des derniers événements lors des journées sanglantes de mai 1871. Puis on retrouve l’inspecteur qui poursuit sa quête dans le Paris de 1904 sur les traces de ce mystérieux assassin aux motivations qui semblent être une vengeance.
Avec de nombreux commentaires magnifiques, des images bien parlantes, il donne le climat qui régnait alors. Ainsi, empruntant à une ancienne chanson célèbre : « Et s’en vint le temps des cerises amères et des tristes rossignols.«
Tiburce Oger assure la mise en images de cette histoire dans l’Histoire. Ses personnages sont fascinants, campés en quelques traits, les portraits sont brillants. Les décors, la reconstitution d’un Paris en 1871, en 1904, donne à voir une capitale bien meurtrie. Chaque chapitre est ouvert par une magnifique fausse Une du Petit Journal.
Avec ce nouvel album, Philippe Pelaez signe un récit immersif et accaparant, mis en valeur par le graphisme d’un Tiburce Oger au sommet de son art.
serge perraud
Philippe Pelaez (scénario) & Tiburce Oger (dessin et couleur), L’Enfer pour Aube – t.02 Paris Rouge, Soleil, coll. « Aventure », octobre 2023, 68 p. – 15,95 €.