Charles-Eloi Vial, Napoléon à Sainte-Hélène. L’encre de l’exil

Charles-Eloi Vial, Napoléon à Sainte-Hélène. L’encre de l’exil

L’exil et la mémoire

L’exil est toujours amer. Mais il peut accoucher de la légende. Tel fut, on le sait, l’histoire du séjour forcé de Napoléon sur l’île de Sainte-Hélène. L’empereur déchu, qui crut pendant longtemps que cette déportation serait provisoire, s’y consuma d’ennui et de mélancolie. Mais cette mort loin de sa terre lui ouvrit les portes de l’éternité.
Ce fut bien sur ce caillou battu par les vents, dans la tristesse de Longwood House, que Napoléon commença à écrire sa propre histoire. Charles-Eloi Vial le montre dans ce très beau livre, qui ravira les admirateurs de l’épopée impériale. En effet, on découvre l’intensité de l’activité mémorielle à laquelle le prisonnier et ses ultimes fidèles se consacrèrent pendant les premières années de l’exil : rédaction de mémoires, lectures critiques des ouvrages publiés sur l’Empire, activité des missionnaires de la mémoire impériale jusqu’en Angleterre.

En fin de compte, cette étude, agrémentée de très belles photographies, montre deux éléments : la richesse archivistique de la période de Sainte-Hélène tout d’abord et qui permet à l’auteur d’apporter nombre de pièces très éclairantes sur l’exil napoléonien ; la manière ensuite dont Napoléon œuvra jusqu’à son dernier souffle pour conserver sa dignité impériale que lui contestait son geôlier Hudson Lowe.

Certes, il n’y eut pas que des grandeurs autour du souverain exilé. Mesquineries, intrigues, courtisaneries, dépressions et désespoirs, séductions et jalousies ont abondé dans la petite cour de Longwood. Beaucoup « d’hommeries » en quelque sorte. Et c’est précisément ce qui rend les acteurs de cette tragédie si humains dans ce décor de la grandeur maintenue.
Un véritable roman que cet exil !

frederic le moal

Charles-Eloi Vial, Napoléon à Sainte-Hélène. L’encre de l’exil, Perrin-BNF éditions, novembre 2018, 319 p. – 29,00 €.

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