Cécile Baudin, La Constance de la louve

Cécile Baudin, La Constance de la louve

C’est l’hiver sur la Lozère en cette année 1835. Sœur Jeanne, au petit matin, avance péniblement dans la couche de neige tombée dans la nuit. Elle longe les murs du château qu’elle vient de fuir et se dépêche pour atteindre son objectif. Dans la couche de neige, un monticule incongru attire son attention. Elle gratte et découvre le corps d’Anatole Bousquet, recroquevillé en position fœtale.
Le directeur de l’établissement d’aliénés installé dans le château demande à Marianne, l’infirmière chef, de descendre à Saint-Alban pour faire prévenir les parents de la mort de leur fils.
Anatole est un jeune officier de santé. Il avait l’habitude de faire des sorties nocturnes. Il s’est sans doute perdu dans la tempête à son retour. C’est ce que pense le brigadier-chef Bastide, du canton de Langogne, à qui les autorités ont confié l’affaire. Celui-ci s’est rendu sur les lieux avec deux gendarmes et un homme de maison diligenté par Mme Bousquet. Mais, ce n’est pas l’avis de Victor Chastel, le lieutenant de louveterie, également juge de paix. Il interroge, questionne et l’examen du corps, en compagnie de Marianne, révèle que la mort n’est pas aussi naturelle car…

Cécile Baudin propose son second roman. Le premier, Marque de fabrique (10/18 n° 5945 – 2024) se déroulait dans le département de l’Ain. Il faisait découvrir l’enquête menée par un couple de personnages formidables composé d’un inspecteur du travail chevronné et d’une jeune femme obligée de se déguiser en homme pour exercer ses missions en 18.
Ici, elle choisit pour décor, la Lozère en 1825, un pays encore meurtri par les ravages d’un gros animal surnommé La Bête du Gévaudan. Cet animal, dont la race reste encore empreinte de mystère a sévi entre 1764 et 1767, principalement dans le nord du Gévaudan, faisant plus d’une centaine d’agressions le plus souvent mortelles.

La romancière déroule une intrigue autour de la mort intrigante de cet apprenti médecin qui s’est orienté vers les soins de malades mentaux en voulant utiliser les ingrédients de la nature. C’était la raison de ses sorties nocturnes. Elle installe un groupe conséquent de personnages qu’elle anime de façon dynamique, détaillant avec soin leur profil à la fois physique, psychologique et leur caractère. Elle dépeint une humanité normalement constituée avec son lot d’honnêtes gens et sa ribambelle d’individus porteurs de multiples défauts, et pas des moindres.
Cette fois, elle appuie son récit sur ce louvetier qui est, par ailleurs, un descendant du fameux Jean Chastel, et sur Marianne, l’infirmière. Ils seront épaulés par Constance, une jeune fille de service pour tenter l’élucider les circonstances et les raisons de la mort du futur médecin.

La description des populations, leur mode d’existence, fait vivre intensément cette période dans ce coin isolé du royaume. L’histoire est partagée en quatre parties correspondantes aux quatre saisons de l’année 1835. Trois chapitres intrigants, qui se déroulent quelques années en arrière, entrecoupent ces parties.
Un superbe roman à dévorer avec un grand plaisir de lecture tant il détaille une intrigue subtile et peint une époque avec brio. Cécile Baudin, à n’en pas douter, va compter dans la littérature.

Cécile Baudin, La Constance de la louve, Éditions 10/18 n° 6 049, coll. Polar, mars 2025, 432 p. – 9,50 €.

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