Antoine Boulant, Le Tribunal révolutionnaire. Punir les ennemis du peuple

Antoine Boulant, Le Tribunal révolutionnaire. Punir les ennemis du peuple

L’Inquisition révolutionnaire

En lisant le livre d’Antoine Boulant sur le tribunal révolutionnaire, une tirade tirée du chef d’œuvre d’Andrzej Wajda, Danton, nous vient immédiatement à l’esprit. Celle que Robespierre lance à Fouquier-Tinville à propos des ennemis du peuple : « Ton devoir n’est pas de les juger mais de les éliminer. »
C’est bien cette impression funeste qui ressort de cette étude à la fois courte, dense et précise, qui rentre dans les détails du mécanisme implacable et effrayant de cette instrument de la terreur révolutionnaire. Certes, Antoine Boulant rappelle que la comparution n’équivalait pas automatiquement à la mort. Bien des acquittements furent prononcés, souvent d’ailleurs pour des raisons sociales et professionnelles. La Révolution savait préserver ceux qui lui étaient utiles.

Il n’empêche. L’étude confirme avec force détails que ce tribunal avec son sinistre accusateur public fut avant tout un instrument politique de la Convention, puis du Comité de Salut public pour éliminer leurs ennemis. Il est l’expression de la psychose complotiste des révolutionnaires et de leur dessein éliminationniste : purger le pays des éléments désormais indésirables. Afin de réaliser cette tâche, la Révolution usa d’une technique caractéristique des totalitarismes : le mélange de légalité procédurale et d’illégalité. La Loi et l’Arbitraire.
D’ailleurs Antoine Boulant, dans les dernières pages, procède à une comparaison et à un rapprochement de bon aloi avec le système soviétique et ses grands procès.

La Révolution comme matrice des totalitarismes. C’est bien ce que confirme ce livre.

frederic le moal

Antoine Boulant, Le Tribunal révolutionnaire. Punir les ennemis du peuple, Perrin, octobre 2018, 311 p. – 23,00  €.

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