Aga Lesiewicz, Regarde-moi
Kris est photographe professionnelle. Elle travaillait auparavant sur des scènes de crime pour la police londonienne, mais elle a cessé son activité pour agir en tant que free-lance. Elle vit avec Anton, un artiste réputé de street-art. Un jour elle reçoit sur son ordinateur personnel un e-mail appelé ‘exposition 1’, mettant en scène une scène de crime sur laquelle elle a fait des clichés des années auparavant. Rien de trop angoissant a priori, si ce n’est qu’aucun expéditeur n’est identifiable.
Un second e-mail puis un troisième suivent, plus menaçants et dérangeants : ils la montrent dans son appartement faisant l’amour avec son petit ami, et ce dernier dans une situation compromettante. Kris commence à s’inquiéter sérieusement, surtout que son principal employeur en a reçu une copie, et qu’elle perd ainsi une source de revenus importante. Qui la harcèle ainsi ? Qui veut détruire sa vie ? Et jusqu’où cette personne est-elle prête à aller ?…
Second roman d’Aga Lesiewicz, Regarde-moi est une vraie réussite de suspense. A chaque chapitre la tension monte d’un cran et la paranoïa qui guette l’héroïne devient contagieuse. Tout comme elle, on en vient à douter de chacun et le peu d’indices récoltés pendant son enquête personnelle ne nous aide pas beaucoup. Le lecteur se sent autant affecté que Kris par ces intrusions à répétition dans sa vie privée. Un cyber-harcèlement qui est une chose redoutée par la plupart d’entre nous qui passons tant de temps sur nos ordinateurs, tablettes ou téléphones.
Ici pas question de faire confiance à la police, l’héroïne mène ses investigations seule, quitte à perdre sa santé mentale, ou pire sa vie ! Ses recherches nous entraînent dans un univers d’artistes, assez loin de la vie quotidienne des businessmen londoniens, et des clichés touristiques. On découvre une capitale britannique en perpétuelle évolution et au premier rang de la vie culturelle.
L’auteure qui a longtemps travaillé pour la radio, la télévision met en place un suspense très prenant, oppressant, qui fonctionne aussi bien que dans A perdre haleine. Le dénouement est à la hauteur des attentes, même si une des pistes suivies en amont se révélera la bonne pour les plus futés.
Il ne fait aucun doute qu’Aga Lesiewicz est en bonne voie pour s’imposer comme auteure incontournable de la nouvelle littérature britannique !
franck boussard
Aga Lesiewicz, Regarde-moi, Belfond Noir, juin 2018, 384 p. – 21,00 €.
