Pascal Chind, Benjamin Legrand & Vincenzo Balzano, Bunkerville

Aux fron­tières du rêve et du cauchemar !

Voisinent, dans ce récit, oni­risme, steam­punk, aven­ture et quête de l’amour perdu, pour livrer une fable intri­gante. D’abord ima­gi­née pour le cinéma, cette aven­ture est appa­rue à son créa­teur comme une bande des­si­née. Ce sont les ren­contres avec Ben­ja­min Legrand et Vin­cenzo Bal­zano qui ont pu don­ner corps à ce pro­jet.
La part du rêve se révèle comme un cau­che­mar vécu par le héros qui est pour­chassé sans cesse et qui ne com­prend rien à ce monde illo­gique à l’extrême. Si sa créa­tion relève d’une belle idée huma­niste, son évo­lu­tion l’amène à une dic­ta­ture aveugle, un beau pro­lon­ge­ment de ce début de XXIe siècle où la pro­fu­sion de tyrans, de fous furieux, n’a jamais été aussi forte.

Alors que Lau­rel exerce son acti­vité de tra­der, il est appelé par la police. Un livreur a vu, depuis la plage, une femme dis­pa­raître dans l’océan. Lau­rel ne peut accep­ter la dis­pa­ri­tion d’Éléonore, sa com­pagne. Et sur les lieux, il décide de s’enfoncer aussi dans les pro­fon­deurs. Sou­dain, il émerge, pas­sa­ble­ment étonné, près d’un pon­ton. Sur un poteau, il retrouve une chaus­sure de sa com­pagne.
Son explo­ra­tion l’amène près d’une porte de sas. Il s’enfonce dans le boyau et découvre une ville, une popu­la­tion. Très vite il attire l’attention dans ce monde resté au XIX e siècle. Fait pri­son­nier il est entraîné vers un juge qui, comme tout intrus dans cette île-machine, le condamne à mort…

La gale­rie de per­son­nages offrent une belle gamme entre gro­tesque et atta­chant, entre vil et repous­sant. C’est un voyage fan­tas­tique et fan­tas­ma­go­rique, aux fron­tières du rêve et du cau­che­mar, de la réa­lité et de l’imaginaire.
Le récit s’appuie sur nombre d’idées amu­santes, exu­bé­rantes, nour­ries d’images fortes sou­vent macabres.

C’est à Vin­cenzo Bal­zano qu’échoit la tâche de mettre toute cette féé­rie en images. Entre l’usage de crayons, de pin­ceaux, il donne une dimen­sion bien par­ti­cu­lière à cet uni­vers à la fois tra­gique et mer­veilleux.
Entre Lewis Car­roll et Jules Verne, Bun­ker­ville pro­pose une his­toire éton­nante, la quête d’un amour inac­ces­sible, une fable sur la des­ti­née humaine.

serge per­raud

Pas­cal Chind & Ben­ja­min Legrand (sce­na­rio), Vin­cenzo Bal­zano (des­sin et cou­leur), Bun­ker­ville, Ankama Édi­tions, coll. “Ankama BD”, jan­vier 2024, 168 p. — 22,90 €.

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