Dans ce roman partition et solaire, Quignard explore les mystères de la création musicale et la puissance de la passion amoureuse dans une Europe aussi tragique qu’enfiévrée — celle du XVIIème siècle. C’est un apprentissage au bonheur contre la souffrance.
L’écriture de ce roman est une invitation au voyage. Proust comme Duras en auraient apprécié la sonate tant il y a là des promesses vers des rivages de plaisirs et d’émerveillement.
Le livre à sa façon tord le cou à tous les faussaires de l’amour. C’est pourquoi le sentiment et l’affection seront toujours d’une douce puissance pour leur survie et aussi pour trouver le seul chemin vers les beautés du monde. Hors celles-ci n’existe pas de salut. Ce qui reste est une sorte de fiction en marge d’un texte totalement effacé.
Nous pouvons plus ou moins, d’après le son sens de la note, déduire ce qui est de la vie même s’ il reste toujours un doute et si les possibles demeurent multiples.
L’espace est à l’intérieur de l’espace. Il n’est pas à l’intérieur des choses. Mais de l’amour. C’est ce qui lui donne toute sa présence. Des images s’y frayent un chemin de désir. Certains personnages et éléments en sont les acteurs, les captifs, les ravis de la crèche.
Demeurent des survivances, des hantises. Bref, une inquiétante étrangeté. C’est parfois dans la cendre que le corps brûlé doit se recomposer. Mais chez Quignard, il en garde toujours la puissance de feu.
jean-paul gavard-perret
Pascal Quignard, L’amour la mer, Gallimard, coll. Folio, novembre 2023, 378 p. — 8, 00 €.