Cale ipso facto

(Gia­co­metti et l’aimée)

Sa conscience et sa chair tendent leurs forces mais ne peuvent se rejoindre. Elle sent bien que son corps l’habite en étran­ger. Elle flaire cet intrus, tente d’en recon­naître la main, le bras, l’épaule, puis remonte jusqu’au visage. Est-elle encore quelqu’un d’entier ? Elle mord l’aqueux, tâtonne dans l’obscur entre le creux et le plein.

Certains de ses pieds des­sus et d’autres conti­nuant leur che­min par des­sous. Rien ne l’arrête sinon l’entêtante rumeur de la brise qui balaye ses joues. Bien­tôt, sa face est lisse comme un œuf. Elle pour­rait enfin ne pen­ser plus rien. Mais sup­por­ter son nau­frage la rend ner­veuse : elle en situe sur une carte le lieu et l’heure.
Et même si un marin annonce joyeux “Terre ! Terre !” , elle fixe à jamais les vagues pour en savou­rer le nectar.

jean-paul gavard-perret

Photo Alexan­der Liberman

Leave a Comment

Filed under Erotisme, Inclassables

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>