Stéfanie Renoma vient de proposer avec Identity une expérience photographique et audiovisuelle saisissante. Elle présente et scénarise sa propre interprétation de la notion d’identité là où l’androgynie semble prédominer car le corps semble dépourvu de genre. Mais de fait c’est bien la sexualité qui demeure énigmatique là où une tension érotique intrigue et où le désir reste palpable.
L’artiste assume et revendique la féminité tout en remettant en question la masculinité. Elle crée ainsi une expérience artistique fascinante. Stéfanie Renoma joue avec les clichés, défie les normes de genre et crée une luxueuse mise en scène glamour.
Cette sophistication et cette séduction “gênent” certains amateurs d’art ou critiques qui ne voient là qu’un exercice de légèreté. Si l’artiste la revendique, cela ne reste néanmoins pour elle qu’une carapace ou plutôt que la plus élégante des politesses et des grâces.
Elle invite à voir dans un exercice de la beauté une sexualité qui se veut à l’opposé de toute blessure ou cruauté. Tout reste de l’ordre de propositions énigmatiques. S’y refuse l’idée de chute : la rédemption de danses premières et classieuses la remplace.
La créatrice ne fait pas marcher les êtres comme des robots dans une vie insatisfaisante : elle ose une sorte de “téléologique” du corps là où la beauté n’est plus masque mais nature puissante, agile, langoureuse, cérémonielle. Rien ne semble pouvoir la défaire et elle s’inscrit par cette puissante fantasmagorie contre la pâlotte lubricité.
jean-paul gavard-perret
Stéfanie Renoma, Identity au Quartier Général, Paris XI, octobre 2023.