Une dystopie plus que plausible
L’histoire se déroule dans les années 1920 quand de simples météorites ont été à l’origine de cette catastrophe rendant l’air irrespirable pour la plupart des êtres vivants. Depuis, les populations, sous l’autorité du Régent, vivent en fonction de la quantité d’air qui est attribuée à chacun.
Le choix de l’époque où se situe cette dystopie relève de Francis Porcel qui souhaitait mettre en images un récit dans une réalité alternative sans que celle-ci soit une uchronie, relève du steampunk et encore moins de l’anticipation. Quoi que ! En envisageant l’évolution d’un écosystème qui est une vraie bombe à retardement, les auteurs brossent une possibilité qui n’est pas à écarter.
Un bathyscaphe approche d’une cité engloutie. Le pilote a hâte de trouver le sous-marin pour le faire exploser mais rien ne se passe comme prévu.
Urban Yeiger interroge un homme accusé d’être un espion pour le Réseau, au sein du Comité Central des Responsables. Celui-ci ne sait rien. Yeiger juge qu’il est inutile et le fait placer dehors par un robot. Il étouffe très vite, l’air extérieur étant irrespirable.
Dehors avec des masques et des réservoirs d’air, une jeune femme et une fillette assistent à l’arrivée d’un énorme prototype d’avion qui aspire les nuages toxiques. Soudain, il explose. L’attentat est attribué au Réseau.
Yeiger met un plan à exécution. Troy Denen, un membre du Comité central, va devenir le terroriste que tout le monde recherche. Mais, celui-ci met une condition pour prendre ce rôle. Il ne ramènera pas Shanice Abendale vivante. Il la considère comme responsable de la mort de son épouse et de sa fille. Mais…
Dans ce premier volet du diptyque, Philippe Pelaez plante le cadre de son récit soulevant des questions, posant des interrogations et donnant quelques réponses qui font monter la tension. Il propose un récit qui interpelle car les possibilités qu’il puisse se réaliser, sous une forme ou sous une autre, sont patentes. Ainsi, la monétisation de l’eau est effective dans certains pays, une situation qui semblait incroyable il y a encore quelques années. Pourquoi, alors, ne pas faire payer l’air que l’on respire ? L’imagination répugnante, abjecte, de l’humain est sans limites.
Les dessins et la mise en couleurs relèvent du talent de Francis Porcel qui, dans le cadre qu’il a choisi, font merveille. La beauté des personnages impressionne que ce soit dans leurs attitudes, leur physionomie, leur gestuelle. Il propose des décors remarquables, des vignettes superbes tant pour les intérieurs que pour les matériels de toutes natures qui ornent ces planches. Un graphisme que l’on aimerait voir plus souvent.
Ce premier volet est riche en éléments de tension, en approches novatrices, avec une intrigue qui, comptet enu des ultimes révélations, fait attendre avec impatience le prochain tome.
serge perraud
Philippe Pelaez (scénario) & Francis Porcel (dessins et couleurs), Air — T.01 : Sous un ciel moins gris, Bamboo, coll. “Grand Angle”, août 2023, 64 p. — 16,90 €.