Claudia Brutus pourrait nous dire comment s’est imposée la lumière d’Haïti même si ce pays vit pour l’heure sous un soleil mourant. Mais elle fait mieux, elle nous le donne à voir loin des effets de réel par la hantises de rêveries en fluorescences de bleu et de vert.
Le pays possède soudain un visage paysager et figuratif qui ramène à des sources premières. La peinture devient poésie à l’immanquable lumière. Contre ce qui tue et au moment où le réel est une épine, elle répond par une fantasmagorie.
Et ce, avec de la part de créatrice l’accent d’affection pour un père haïtien. Exilé, il n’a pu donner à voir son pays à sa fille. Mais elle en est néanmoins devenue citoyenne pour y prendre sa place à travers un imaginaire au souffle d’une exigence d’une vérité première qui l’aspire et l’inspire. Cette exposition le prouve par ce voyage aux confins.
Créant sa propre la laine feutrée faite pour le support des masques, elle les métamorphose par le recours à la technique de broderie traditionnelle marocaine Fetla et le perlage. Il en va de même pour son œuvre en toile de jute.
Mais le plus important reste le beauté des couleurs et des formes de ses immenses toiles. Elles créent un “pont” entre les arts premiers et la peinture figurative et surréelle la plus neuve. Elles traduisent des sensations personnelles et collectives qui évoquent les sentiments d’incertitude mais aussi d’espoir et les rêves les plus naïfs — ou fous -, donc essentiels pour la survie du monde.
jean-paul gavard-perret
Claudia Brutus, Haïti dans tous mes rêves, Salle Jean Renoir, Bois-Colombes. du 15 septembre au 5 novembre 2023.