Jérémie Lefebvre est écrivain, traducteur et auteur-compositeur. Il est l’auteur entre autres de La Société de consolation (Sens&Tonka, 2000), Danse avec Jésus — Une histoire de famille (Lunatique, 2011) et de L’Italienne qui ne voulait pas fêter Noël (Buchet-Chastel, 2019).
Dans son sixième roman. un homme se retrouve un jour – un jour de pluie – sous un abribus, face à une publicité pour Louis Vuitton. Elle représente une actrice célèbre, assise sur un banc de musée. Interpellé par cette image, il s’interroge sur les motivations de l’actrice. A-t-elle accepté de poser pour de l’argent ? Ou pour humilier, de toute sa beauté, le quidam ? A moins que ce soit, à l’inverse, pour l’inciter à la révolte ?
Le narrateur se perd en de telles tergiversations en sondant les arcanes de cette publicité, jusqu’au jour où, passé à autre chose, il tombe en arrêt sur une nouvelle publicité montrant la même actrice dans une position similaire, posant pour la même marque. Une fois de plus, sonné et abasourdi, il replonge dans des spéculations douteuses et s’oblige à écrire à l’actrice pour lui faire part de ses troubles.
Il apporte cette lettre à un éditeur pour qu’il la publie tout en lui prouvant qu’il ne devrait pas le faire. D’où au fil des pages le développement d’une fiction aussi particulière, qu’irrévérencieuce et drôle et singulier, le tout pour pousser le désir de s’exhiber dans ses derniers retranchements.
Boucles d’oreilles, tee-shirt noir décolleté, mini-jupe ivoire etc. sont là pour mettre en abyme le réel et comme à distance la fiction. Paradoxalement, elle gagne peu à peu en lisibilité et permet de voir de manière indépendante ce qui se nomme le réel et l’apparence et la profondeur des choses.
Par cet effet de psyché d’un simple passant quelque peu obsessionnel, c’est moins l’industrie du luxe et ses égéries qui est abordé que le rapport aux images plus ou moins douteuses quant à leurs rôles et effets.
jean-paul gavard-perret
Jérémie Lefebvre, Lea V., Editions Inculte, 2023, 96 p. — 13,90 €.