Paysages intérieurs
Gabriele Calvisi ouvre ici un monde particulier même si, au fil de l’histoire de la peinture, de la sculpture et de la photographie, il a traversé les siècles. L’artiste nous fait pénétrer dans un couvent de religieuses — celui de Santa Chiara Oristano.
Entre mystique et réalisme, les photographies permettent de toucher à un monde clos et habité. Calvisi pousse ainsi plus loin sa réflexion sur la vie de groupe comme sur la solitude et sur l’un de ses plus intrigants corollaires : la contemplation.
Dans un tel lieu, celui qui observe pour créer se tient suspendu hors du temps dans une intimité et un rapprochement aussi vaste qu’il est possible en un tel lieu d’observance. S’y découvrent des intérieurs du cloître mais surtout les religieuses plongées dans la sérénité et parfois la douleur de la vieillesse, comme dans la prière et le travail quotidien.
La contemplation religieuse est doublée ici par une autre qui gagne le regardeur. Il finit fasciné et saisi par de telles images. Elles sont sidérantes de beauté, si bien que chacun peut se demander si, véritablement, il peut s’en maintenir à distance.
N’y a-t-il pas là le reflet de l’intérieur et le fruit de la conscience ? En tout état de cause s’impose, se donne et s’incarne la finitude des êtres et leur croyance en l’au-delà.
Dans l’instant même où l’image est saisie, le dehors et le dedans se condensent l’un l’autre et tendent à l’introspection. Apparaît ainsi le territoire propice voire idéal à la transcendance.
jean-paul gavard-perret
Gabriele Calvisi, La luce delle Clarisse, Edizioni Monastero Santa Chiara Oristano, Oristano, 2022, 144 p. — 30,00 €.