Tremblement sacré de la chair nue. Angoisse et rêverie de la mère comme des prostituées. Ne pouvant être la seconde, Jane Evelyn Atwood fut la première pour les rejoindre de manière cryptée et dans une pulsion scopique. Elle se promenait dans les faubourgs chauds pour les photographier de manière dérobée afin de raconter sa propre histoire qui ne pouvait se montrer qu’en corps perdu.
Depuis son enfance, elle était fascinée par les femmes des pavés. Et jusque plus tard dans ces trous de mémoire, même si elle ne se prit pour une autre, elles étaient à égalité avec elle. C’est pourquoi dans son oeuvre il n’existe pas un moindre espace d’indécision sans percée vers de telles dames.
Il n’est jamais question d’ébauche mais d’un moyen de tirer la langue aux images classiques des prostituées par une violence glaciale, déjouant le sens commun et les résidus d’une médiocre histoire locale.
C’est là une agonie que la photographe se hâte d’inachever. Pour nettoyer son histoire à travers cette effusion des belles de jours prises et reprises, entièrement soumises à un modèle dont elle ne se disjoint jamais. Elle reste à la merci de leur lumière dans des scènes où, les immobilisant, elle passe de leur côté.
jean-paul gavard-perret