L’écume des jours (Boris Vian / Claudie Russo Pelosi)

 © Les joues rouges

De la chan­son trans­for­mée en livre

Dans un décor kitch à sou­hait, un per­son­nage frappe sur une machine à écrire. C’est l’occasion, sur quelques notes de musique, de pré­sen­ter les prin­ci­paux pro­ta­go­nistes de l’histoire. On tourne en tendre déri­sion la mal­adresse d’un couple en for­ma­tion, c’est à un des­sin animé dia­lo­gué que l’on semble assis­ter.
La pré­sence du nar­ra­teur jouant le rôle de l’écrivain, d’une pia­niste jouant le rôle de la musi­cienne de bar de nuit (ainsi que de la bar­maid du fameux pia­nock­tail) contri­buent à mettre à dis­tance le pro­pos, comme pour sou­li­gner sa dimen­sion iro­nique. Les péri­pé­ties de l’amour fan­tasmé ou déréa­lisé, les ravages de la tuber­cu­lose consti­tuent la chro­nique d’une époque effer­ves­cente en mots dégingandés.

Les pro­pos déri­soires et par­fois ridi­cules de L’écume des jours sont bien dyna­mi­sés par la mise en musique et l’ambiance caba­ret impromptu qui est ins­tal­lée par la com­pa­gnie “Les Joues Rouges”. Mimes, brui­tages, comé­die musi­cale, concerts de voix, autant d’ornements qui ne viennent pas seule­ment illus­trer, mais bien plu­tôt mettre en valeur le roman de Boris Vian.
Car ces effets conviennent par­fai­te­ment à son écri­ture cocasse ; il n’y fal­lait pas voir de la lit­té­ra­ture, mais plu­tôt de la chan­son trans­for­mée en livre, ou un des­sin animé en paroles. La repré­sen­ta­tion varie les registres, mon­trant aussi la tris­tesse et la mélan­co­lie ; elle n’évite pas le dra­ma­tique en pré­sen­tant aussi la mala­die et la mort. Une cari­ca­ture des diag­nos­tics inin­tel­li­gibles, des opé­ra­tions et pres­crip­tions médi­cales hermétiques.

Un spec­tacle qui a fait ses preuves, qui se montre incon­tes­ta­ble­ment réussi, atta­chant, léger, radieux et nourrissant.

chris­tophe giolito 

L’écume des jours

de Boris Vian

mise en scène Clau­die Russo Pelosi

Avec Auré­lien Ray­nal ou Quen­tin Bos­sis, Loue Echa­lier ou Marie Jou­haud, Ethan Oliel ou Bap­tiste Hérout, Lou Tilly ou Léa Phi­lippe, Charles Gar­cia, Clau­die Russo-Pelosi ou Sara Bel­viso, Sté­phane Piller, Émi­lie Le Néoua­nic ou Aurore Streich et Adrien Grassard

Musique Boris Vian, Michel Legrand, Henri Sal­va­dor, Alain Gora­guer et Jimmy Walter.

Scé­no­gra­phie Anouk Abé­cas­sis ; créa­tion lumi­neuse Dan Imbert.

Au théâtre Le lucer­naire, 53 rue des Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris 01 42 22 66 87,

Du 15 juin au 16 octobre 2022, du 4 jan­vier au 12 mars 2023, 14 juin au 27 août 2023, théâtre rouge, du mer­credi au samedi à 19h, le dimanche à 16h. Durée 1h30.

Pro­duc­tion Les Joues Rouges, coréa­li­sa­tion Théâtre Lucernaire.

Par­te­naires La Fnac, La Cohé­rie de Boris Vian.

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