Un complot au royaume d’Albion
Le héros a été appelé ainsi parce qu’il a été déposé, anonymement, devant le Clos Lucé, le 5 avril 1514. Quelques années plus tard, invité par le roi François Ier, Léonard de Vinci s’installe dans les lieux. Face à ce petit garçon il décide de s’occuper de son éducation. Celui-ci connaîtra la vérité le jour de ses dix-huit ans.
Ses tribulations lors de l’épisode précédent amènent le héros en Angleterre en utilisant une aile delta inventée par Léonard. Les gardes londoniens le prennent pour un dragon et tentent de l’abattre. Cinq Avril utilise une boule de feu grégeois et, changeant de costume, échappe à ses poursuivants.
Il arrive quand Henri VIII, en 1532, veut divorcer pour épouser Anne Boleyn. Le pape refuse mais le roi est prêt à entamer un schisme avec Rome pour fonder sa propre religion.
Cinq Avril retrouve Michelle de Saubonne en compagnie de Thomas More à qui il doit remettre une lettre. Celui-ci s’oppose au roi ne pouvant accepter une remise en cause de la séparation fondamentale entre l’État et l’Église. Il veut empêcher cette intrigante d’épouser le roi. Et il a le moyen de le faire car elle a un passé qui la discrédite.
Cinq Avril se retrouve mêlé à un complot pour nuire à Anne. Et le pape envoie le cardinal Sordi, le pire ennemi de Cinq Avril…
Les personnages historiques foisonnent dans ce récit où ils cohabitent de belle manière avec leurs partenaires de fiction. Deux protagonistes authentiques tiennent la vedette. Thomas More, chancelier d’Henri VIII jusqu’à sa démission pour des questions de principe et Anne Boleyn que le roi veut épouser et pour laquelle il est prêt à toutes les audaces. Outre ses fonctions politiques, Thomas More est resté dans l’Histoire par son ouvrage sur l’utopie, un essai qui fait référence dans le domaine.
L’association de Michel Bussi et de Fred Duval donne naissance à un récit de cape et d’épée, une fiction d’aventures nourrie par une intrigue riche en événements et en apports historiques. Les deux se conjuguant à merveille. Et quel plaisir de retrouver ces histoires toniques où l’action prime où chaque planche se termine sur une péripétie, un rebondissement.
L’humour est partie prenante avec des dialogues pétillants, des apartés truculents.
Cet album est l’occasion, pour les scénaristes, de mettre en valeur un humaniste et une femme attachante, la victime d’un complot.
Noé Monin propose un dessin oscillant entre réalisme et caricature bien adapté pour révéler tout le dynamisme du récit. Les quelques moments où le héros n’est pas occupé à défendre sa vie, ou la cause dans laquelle il s’investit, sont attractifs grâce aux révélations dont il est destinataire. Les décors mettent en scène, avec un bel effet, les multiples actions.
Les couleurs sont l’œuvre d’Antoine Lapasset. Leur choix donne un caractère particulier aux planches, bien en lien avec ce qui existait à l’époque.
Si les scénaristes multiplient les duels, les poursuites, les trahisons, les conjurations, ils mettent au cœur d’une intrigue musclée l’ombre de Léonard de Vinci et des personnages historiques de premier plan.
serge perraud
Michel Bussi & Fred Duval (scénario), Noé Monin (dessin), Antoine Lapasset (couleurs), Cinq Avril — t.02 : Le Roi assassin, Dupuis coll. “Grand Public”, juin 2023, 56 p. — 12,95 €.