Sidération
Cette apostille pour Raphaël avec le texte d’Odile Gasquet est la justification de toute la collection Apostille et son objet. Aucune n’aura autant évoqué le manque, la disparition, et la création pour combler ( ou tenter de le faire ) le vide sans mots possibles.
En effet, en 2017, l’auteure de retour d’un week-end découvrit son fils pendu. Et ce livre est un témoignage de l’indicible. Pour l’organiser, Danielle Berthet a créé plastiquement le même ciel, par-dessus l’angle de deux murs, l’un peint en bleu, l’autre blanc mais irradié par le bleu.
Bref, “au-delà le ciel, le ciel” et avec sur le profil d’Odile et de son fils, en surimpression, un des dessins de drapé de la créatrice.
Jaillit de manière paradoxale ce chant impossible et ce mystère qui commence dès l’exergue : “J’ai été trois fois à Syracuse, le jour de ma naissance”. Il est précisé dans la première apostille p. 7 : “Seul mot laissé sur son bureau, dans sa chambre”.
Reste, à partir de là, l’atrocité du silence et de la disparition. Elle est rendue plus accrue par l’effet apostille qui rameute des points de repères (collection de sauterelles, pratique du violoncelle, jeu avev certaines images, etc,) sans le moindre pathos.
L’auteure porte plus loin. L’allusif creuse le vide mais aussi cherche à créer l’égrégore d’un nouvel espace. C’est comme si la réalité du livre tentait un transfert hors le plan et ce blanc d’où le texte émet en presque absence des nouveaux mots dont naîtrait une sorte d’ascendance.
jean-paul gavard-perret
Odile Gasquet, Raphaël, Atelier Danielle Berthet, collection Apostille, Aix les Bains, 2023.