Josseline Chourry attire le lecteur par un roman d’aventure et des nouvelles où l’utopie est préférée à la dystopie. Aux conséquences négatives de l’imaginaire, elle préfère ses acquis. La “succulence” est dans toutes les composantes de telles fantaisies et légendes cryptées et décryptées dans un tissu de scenarii et métaphores.
Tout est parfois déjanté et même au besoin teinté mystique là où la drôlerie et l’humour embrassent le sérieux et la gravité dans des parties fines, carrées ou rondes, là où l’amour a toujours son mot à dire et bien plus tant les personnages de tels récits sont aussi étranges que normaux, éloignés et si proche de nous.
L’auteure est une nouvelle Alice qui, par le détour de ses légendes, crée la plus efficiente des “autofictions”. Ainsi cachée, la poétesse se dévoile. Sous le paysage extérieur l’intimité prend corps. Cela permet de mettre de l’ordre dans les marges de bien des existences mais tout autant dans leur centre.
Certes, le lecteur distrait pourra lire ces textes comme des vaticinations farcesques mais, sous les concrétions d’ambre, le détour par l’imaginaire rend à l’éphémère comme au quotidien (dévoyé) l’éternité du mythe et en toute discrétion.
Plus rien ne compte que ces histoires sculptées dans des pivoines, parfois grâce à une grand-mère un peu sorcière qui transforme les plantes en état de succulence et aussi par un livre magique qui entraine dans un monde parallèle. Tout le reste devient un accident, il n’a plus de justifications d’usage.
Une apparence légère et lancinante ne laisse pas en paix là où la pensée — du moins ce qu’il en reste — prend la forme du jour.
jean-paul gavard-perret
Josseline Chourry, Nouvelles d’Outre-là & Voyage au pays de la succulence, Publibook, Paris, 2023, 86 p. et 148 p. — 12,00 et 15,00 €.